Pour l’instant, en Europe, les consommateurs ne suivent pas. « Il n’y a aucune demande » vient de déclarer un des dirigeants de BMW qui dit que la voiture électrique ne séduit que les Californiens hyper soucieux d’écologie et les Chinois qui ne vont pas avoir trop le choix. Les admirateurs de la batterie peuvent dire que les ventes progressent à deux chiffres. Mais la base de départ est tellement basse que sur les six premiers mois de l’année, la voiture électrique, ça reste sans doute moins de 2% des ventes en Europe. Et même si on ajoute les hybrides rechargeables qui sont plus électriques que les Prius par exemple, on est à peine au-dessus de 3%. Pour l’instant la voiture électrique ne fait pas d’étincelles.
Comment s’explique l’attentisme des consommateurs pour la voiture électrique ?
Il y a encore plein d’arguments qui jouent contre la voiture électrique. Le premier c’est le prix. Même avec des aides, ça reste souvent un véhicule plus cher qu’une voiture comparable à essence. Ensuite il y a le problème de l’autonomie. Même si on va arriver aux 400 kilomètres, ça n’est pas suffisant. C’est assez pour les déplacements du quotidien mais quand on achète une voiture on veut aussi pouvoir s’en servir deux trois fois dans l’année pour faire plus de 500 kilomètres sans avoir besoin de s’arrêter des heures pour faire la queue à une borne de recharge. L’absence de bornes est un autre problème. C’est plus facile de faire le plein d’essence que d’électrons.
Est-ce que ce démarrage lent est un vrai problème pour les constructeurs automobiles ?
Les constructeurs prévoient d’investir 164 milliards en 5 ans dans l’électrique. Si la demande n’est pas au rendez-vous et qu’entre-temps ils ont moins investi dans la voiture thermique, ils auront un vrai problème. Mais il y a quand même pour eux quelques signes d’espoir. Les grandes villes sont de plus en plus pro-électrique ce qui va pousser les ménages aisés et les entreprises à s’équiper. Ceux qui n’ont pas le choix et qui peuvent se payer deux voitures ou qui ne font que des déplacements courts vont basculer. Ensuite, les nouveaux modèles qui arrivent vont élargir l’offre et vont peut-être réveiller l’intérêt des consommateurs. Mais un produit qui marche essentiellement à cause de la contrainte réglementaire et parce qu’il bénéficie de subventions, n’est pas un produit qui répond véritablement aux attentes. Le succès de l’électrique reste donc potentiel et fragile. L’hybride rechargeable qui permet de bénéficier de deux modes de motorisation, l’essence et l’électrique, répond plus aux attentes des consommateurs. Mais c’est plus cher et c’est un véhicule plus lourd puisqu’il a une motorisation plus complexe et une grosse batterie. Du coup, quand il roule en essence, il pollue plus qu’un nouveau diesel que l’on a totalement diabolisé.
David Barroux