La voiture électrique pourrait entraîner la perte nette de 275.000 emplois en Europe

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La voiture électrique n’a pas que des vertus. En tout cas la transition vers un monde sans moteurs thermiques risque de faire mal, d’un point de vue social. 500 000 emplois sont menacés par le virage de l’électrique, à l’échelle de l’Europe, dont 275 000 pourraient être perdus.

Un moteur électrique est plus simple à fabriquer, et nécessite moins de main d’œuvre

Les chiffres sont publiés par l’association des équipementiers en lien avec le cabinet PwC Strategy&. Avec le boom de la voiture électrique, il y aurait 500 000 emplois en moins dans la production de moteurs essence, diesel, et 225 000 en plus pour produire des moteurs électriques. La différence, c’est une perte nette de 275.000 emplois en Europe. La raison est simple : la Commission européenne a prévu l’arrêt de la vente des voitures à moteur thermique en 2035, y compris les hybrides. Il n’y aura plus dans les concessions que du 100% électrique. Ce n’est pas la première fois que des prévisions cataclysmiques sont échafaudées sur ce sujet, puisqu’on sait qu’un moteur électrique est d’une fabrication beaucoup plus simple, nécessitant 2 à 3 fois moins de main d’œuvre.

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Pour bien comprendre les choses, les équipementiers en Europe (3.000 entreprises, 5 millions de salariés), sont moins agiles que leurs clients, les constructeurs, puisqu’ils sont liés avec eux par des contrats de long terme. C’est valable même pour les plus grands, Faurecia et Valeo, mais aussi Plastic Omnium ou encore Bosch. Alors peut-on imaginer que les entreprises concernées crient avant d’avoir mal, autrement dit ces chiffres alarmants sont-ils fiables ?

Les équipementiers appellent  créer une filière de batteries compétitive face aux asiatiques

Sur la méthode, c’est du sérieux, 200 sous-traitants ont été interrogés, et il y a eu 30 entretiens avec des experts du secteur. Un petit bémol, les créations d’emplois dans les logiciels ne sont pas pris en compte, ni celles dans les bornes de recharge, alors qu’elles ne sont pas délocalisables. De toute manière, c’est une estimation à la louche, pour dans 18-19 ans, qui sait ce qui peut arriver d’ici-là ? Rappelons-nous du monde de l’automobile d’il y a 18-19 ans : les patrons de Renault et PSA s’appelaient Louis Schweitzer et Jean-Martin Folz. Tesla n’existait pas. Et on rêvait de la Ford Fiesta, de la Nissan Micra ou de la Citroën C3, toute première du nom, qui venaient de sortir. Les aiguilles existaient encore sur les tableaux de bord, les semi-conducteurs n’étaient pas aussi vitaux et envahissants qu’aujourd’hui.

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Donc impossible de vous dire quelle réalité peut avoir ce chiffre à si long terme. En revanche, c’est un rappel nécessaire, un chiffre choc. Bien sûr, cette association d’équipementiers accompagne son message de revendications : créer une filière de batteries compétitive face aux asiatiques, et garder sous la main d’autres solutions que l’électrique, par exemple des carburants renouvelables.
C’est un rappel nécessaire, tout de même, pour ne pas regarder passer l’innovation chez les autres. La fameuse « destruction créatrice » de Joseph Schumpeter, processus qui se répète d’une révolution technologique à une autre. Mais dans l’économie mondialisée qui est celle de l’automobile, on a vite fait de ne subir que la « destruction », si on laisse les usines étrangères se garder la partie « créatrice ».

François Geffrier

 

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