Guerre en Ukraine : Swift, une arme atomique financière contre la Russie ?

Kostas Pikoulas/Sipa USA/SIPA

Les pays occidentaux ont annoncé hier, le 27 février, un durcissement dans les sanctions contre la Russie en la privant d’accès à la plateforme Swift.

La Russie compte pour 1,5 % des 42 millions de transactions quotidiennes qui passent par Swift

Les barrières sont tombées les unes après les autres. Après l’Italie et la Hongrie un temps réticentes, l’Allemagne a franchi aussi le pas en adhérant à l’idée d’une exclusion de nombreuses banques russes du réseau financier Swift. L’Europe est parvenue à faire front commun sur ce dossier sensible aux côtés des Etats-Unis, du Canada, du Japon et du Royaume Uni. C’est un geste fort de la part des pays occidentaux et qui n’est pas seulement symbolique. Certains présentent même l’exclusion de Swift comme une arme atomique financière. Swift signifie société de télécommunication interbancaire mondiale. C’est un rouage essentiel de la finance. Il s’agit en fait d’échanger chaque jour, des millions d’informations financières via cette plateforme.

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Plus de 11 000 institutions financières de plus de 200 pays communiquent entre elles sur les modalités de paiements entre des entreprises de différents pays. Sans cette plateforme sécurisée et automatique, il devient plus compliqué de faire du commerce à l’international, d’envoyer des fonds ou d’en recevoir. Cela ralentit considérablement les transactions. Le réseau Swift est basé en Belgique et est placé sous le contrôle des grandes banques centrales occidentales, ce qui nécessitait l’accord de tous ces pays pour bloquer la Russie. Ce pays compte pour 1,5% des 42 millions de transactions quotidiennes qui passent par ce système.

Selon des experts occidentaux, ces mesures pourraient amputer le PIB russe de 7%

Mais alors quel sera l’impact sur la Russie ? Pour l’instant cela est difficile à dire. Mais en activant cette exclusion, l’objectif est bien d’isoler la Russie, de gêner ses exportations, notamment de matières premières : le gaz, le pétrole mais aussi le blé. Sans accès à Swift, difficile de se faire payer pour les biens que le pays veut exporter. Moscou a certes mis en place ces dernières années son propre système de messageries financières mais il ne regroupe que peu d’institutions étrangères et s’avère beaucoup moins efficace que le réseau Swift créé en 1973. Selon des experts occidentaux, ces mesures pourraient amputer le PIB russe de 7%.

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L’impact dépendra aussi de l’attitude de la Chine, principal partenaire commercial de la Russie. Mais l’impact ne serait pas exclusivement que pour la Russie. L’Europe passe aussi par ce biais pour acheter le gaz russe. Cela pourrait encore accentuer la flambée des prix de l’énergie. Les entreprises européennes qui commercent avec la Russie, pourraient donc avoir des difficultés à se faire payer. On comprend pourquoi l’arme Swift est à manier avec précaution pour les européens. Les sanctions ne s’arrêtent pas là, pour faire de Moscou un « paria financier ». Les occidentaux ont également pris des mesures pour restreindre l’accès de la Banque centrale russe aux marchés financiers internationaux, en l’empêchant de vendre certains actifs pour soutenir le rouble ou pour financer l’effort de guerre de Vladimir Poutine. Des annonces qui pourraient donc créer un début de panique parmi les clients des banques russes avec à la clé, des retraits massifs de liquidités au guichet.

Pierrick Fay

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