Guerre en Ukraine : Que risquent les entreprises françaises ?

Konstantin Mihalchevskiy / SIPA

A l’heure où la tension monte avec la Russie, que risquent les entreprises françaises sur le front de la guerre économique ?

La France est le premier employeur international en Russie

Au niveau macro-économique, la Russie a davantage besoin de la France que l’inverse. On importe pour un peu moins de 10 milliards de produits russes par an et à presque 75% d’hydrocarbures. En sens inverse, la France vend pour seulement 6,5 milliards aux Russes. C’est moins de 1,5% de nos exportations et à part l’aéronautique avec Airbus, pas un seul secteur n’exporte pour plus d’un milliard. La France vend des cosmétiques, des alcools, des produits de luxe mais la Russie n’est pas un très grand partenaire surtout que depuis l’invasion de la Crimée en 2014, par mesure de rétorsion face à nos sanctions, le pays a arrêté d’importer des produits agro-alimentaires de l’Union européenne.

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Cela veut-il dire qu’économiquement parlant, la France n’a pas grand-chose à craindre ? Je n’irais pas non plus jusque-là. L’Europe dépend à 40%, du gaz russe et la France à 20%. Même si les livraisons ne s’arrêtent pas, le conflit avec l’Ukraine va faire monter les prix de l’énergie à un moment où ils sont déjà très élevés. Cela va doper l’inflation. Même si globalement la Russie pèse assez peu pour les entreprises française de manière générale, le pays pèse quand même pour certaines. La Société Générale y possède une grande banque de réseau. Renault est le propriétaire de Lada et contrôle 30% du marché automobile russe. Total tire un peu plus de 15% de ses hydrocarbures de la région. Ce n’est que 3 à 5% de ses revenus totaux mais ce sont aussi des milliards d’investissements. Auchan possède 230 magasins en Russie et devient donc son troisième pays. Pour Danone, la Russie représente plus de 5% de son chiffre d’affaires. La France est quand même le premier employeur international en Russie. On a donc pas mal de billes derrière ce qui va redevenir, un rideau de fer.

Airbus : sur les métaux, la Russie est souvent le premier partenaire de la France

La situation est donc économiquement compliquée. Pour Danone et Renault qui produisent et qui vendent sur place des yaourts et des voitures, les affaires peuvent continuer même si la Russie est contrainte – à cause des sanctions internationales – à se replier sur elle-même. Airbus peut arrêter de vendre des avions à Aeroflot pendant des années, cela ne serait pas un drame. Mais les équipementiers, qui fournissent Airbus en pièces, ne pourront plus rien livrer si Moscou ne vend plus de titane ou de nickel. Or, sur des métaux comme ceux-là, la Russie est souvent notre premier partenaire.

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Pour Arianespace qui commercialise les fusées Soyouz, le bras de fer avec Vladimir Poutine est aussi une très mauvaise nouvelle. Ne soyons pas naïfs, on va peut-être sanctionner le nouveau tsar et les oligarques mais Moscou va aussi prendre des mesures de rétorsions. Et si par exemple, la Russie décidait de nationaliser tous les actifs contrôlés par des groupes étrangers, les entreprises tricolores – qui ont investi des milliards là-bas – n’auraient peut-être que leurs yeux pour pleurer.

David Barroux

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