Les leaders français de la prise électrique sont soupçonnés par l’Autorité de la concurrence d’avoir organisé un système leur permettant de dicter les prix du marché. Dans un contexte inflationniste particulièrement dur pour le pouvoir d’achat des Français, les industriels devront se montrer convaincants afin d’éviter une lourde amende.
L’Autorité de la concurrence estime que ces pratiques ont duré pendant plus de 10 ans
L’Autorité de la concurrence soupçonne une entente entre les géants français des prises électriques. En effet L’Autorité vient de transmettre une notification de griefs à 4 entreprises du secteur, dont les géants Legrand, Schneider et Rexel. Elle soupçonne l’existence d’une entente sur les prix entre ces groupes, qui sont aussi les leaders mondiaux dans la fabrication et la distribution de matériel électrique pour le grand public et surtout pour les secteurs du bâtiment et de l’industrie. Les 4 groupes notifiés ont 3 mois pour répondre à ces griefs. Elles peuvent soit les contester, soit les reconnaitre et conclure une transaction avec l’Autorité, autrement dit payer une amende. Pour l’instant, c’est la première solution qui semble être envisagée puisque les 3 entreprises citées contestent l’existence d’un tel cartel.
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On peut alors se demander ce que l’Autorité reproche réellement à ces industriels. Elle soupçonne la mise en place d’un système complexe d’entente verticale qui aurait permis aux fournisseurs de matériel électrique de contrôler le prix des distributeurs, et donc de maintenir le prix de certains produits à des niveaux anormalement élevés. L’affaire date de 2018, après des signalements de l’Agence française anticorruption, mais aussi après la diffusion d’un article de Mediapart dénonçant un système d’entente présumé. L’Autorité de la concurrence estime que ces pratiques ont duré pendant plus de 10 ans. Les groupes visés vont devoir se montrer convaincants alors que le parquet national financier a aussi ouvert au même moment une enquête contre ces mêmes groupes. Une série de perquisitions avait eu lieu en 2018. Ils risquent des amendes importantes. A titre d’exemple, le cartel des produits d’hygiène et d’entretien avait écopé d’une sanction de 951 millions d’euros en 2014.
« Nous sommes là pour rendre du pouvoir d’achat aux consommateurs »
De plus cette affaire de cartel présumé intervient dans un contexte de flambée des prix qui inquiète les consommateurs. L’Autorité de la concurrence, qui présentait le 6 juillet son rapport annuel, a promis qu’elle serait très vigilante concernant les prix. « Nous sommes là pour rendre du pouvoir d’achat aux consommateurs », a averti son président Benoît Cœuré. Des enquêtes sont notamment en cours concernant le prix des carburants en Corse. Le président prévient aussi que l’Autorité pourrait se pencher sur la tarification des sociétés d’autoroute. 2021 a d’ailleurs été riche pour l’Autorité qui a sanctionné Google à 2 reprises, mis à l’amende un cartel des lunettes et un autre sur les sandwichs pour un total de sanctions sur l’année de plus de 850 millions d’euros. Le record de 2020 tient toujours avec plus de 1,7 milliard d’euros d’amendes qui pour l’essentiel sont allés rejoindre les caisses de l’Etat.
Pierrick Fay
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