La restauration est en train de faire ses comptes. Et en cette période de Covid 19, les restaurateurs ont de quoi être inquiets. L’addition s’annonce très salée.
En restauration, le soir est souvent plus rentable, avec des dépenses plus importantes en vins, plats et desserts
Avec le confinement en mars et en avril, les chiffres d’affaires s’étaient écroulés. Cet été il y avait eu un petit mieux avec le boom des terrasses dans les grandes villes et la relative bonne tenue du tourisme domestique. Mais l’embellie n’a pas duré. Depuis la rentrée, les restaurants faisaient leurs comptes et ils tiraient grise mine. Les grandes tables pleurent les touristes étrangers qui ne sont pas revenus et qui sont souvent ceux qui dépensent le plus. Les brasseries souffrent parce qu’avec le télétravail et la fin des repas d’affaires, il y avait beaucoup moins de monde le midi. Et tous les restaurants dans les zones déjà en couvre-feu s’inquiètent.
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Au mieux certains vont venir manger un peu plus tôt mais au total il y aura beaucoup moins de couverts le soir. Or, le soir c’est souvent plus rentable. On dépense souvent plus en vins et en plats et desserts pour un dîner. Au cours des années « normales », il y a beaucoup de faillites, de changements de propriétaires ou de restaurants qui ferment. Un restaurant sur dix baisse le rideau chaque année. Et dans la restauration rapide, les snacks, kebab et autres c’est deux fois plus. La restauration c’est un métier difficile quand tout va bien. Et pratiquement impossible quand tout va mal.
En septembre, le chiffre d’affaires de la restauration avait chuté de 25%
C’est un métier dans lequel on a des frais fixes souvent importants. Le loyer, le personnel, l’achat de la nourriture et les marges sont relativement faibles et le chiffre d’affaires est très aléatoire. On dépend de la météo, de la conjoncture économique, de la réputation du chef. C’est un métier très fatigant avec des horaires compliqués. Cet été le chiffre d’affaires de la restauration avait reculé en moyenne de 22%. Depuis septembre on était à -25%. Mais avec le couvre-feu ont allait vers un chiffre d’affaires divisé par deux pour pas mal de restaurants. A court terme, le paradoxe, c’est que les mesures d’urgence comme les prêts garantis par l’Etat ou le chômage partiel ont permis de repousser les échéances. Il y a même peu de faillites pour l’instant.
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Mais le réveil sera forcément difficile parce pour plein de restaurants, il va y avoir des mois totalement blancs et il y aura quand même un jour des crédits à rembourser. La bonne nouvelle relative c’est que c’est un métier porteur parce qu’on a tous besoin de manger mais il y a beaucoup de concurrence. Les boulangers, les supermarchés et la livraison ont encore intensifié cette concurrence. L’épidémie de Covid et la crise économique qui va suivre qui compliquent encore tout. Donc, oui, on va forcément voir se multiplier les faillites.
David Barroux