Les bureaux de tabac ne subissent pas la crise. Entre les cigarettes qu’on ne peut pas trouver sur internet et une limitation des ouvertures des points de vente, le métier de buraliste reste précieux pour de nombreuses collectivités.
Un gros tabac peut valoir 5 millions d’euros sur la côte d’Azur
Les débitants de tabacs devraient souffrir du recul des ventes de cigarettes mais paradoxalement ils se portent plutôt bien. Il est vrai que les gérants de tabacs ont incontestablement des problèmes ou des sujets délicats à régler. Depuis que le prix du paquet de cigarettes a en moyenne dépassé les 10 euros en 2020, les ventes n’ont cessé de reculer. En 5 ans, on parle d’une chute de 25%. En parallèle la vente des cigarettes de contrebande ou la revente de cigarettes achetées par les frontaliers explosent. Ce n’est peut-être plus l’âge d’or du bar-tabac mais il y a un signe qui montre quand même que tout ne va pas si mal.
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En effet, quand un des 23 500 tabacs français est mis en vente, il y a beaucoup d’acheteurs. Si c’était une activité vouée au déclin, le nombre de transactions chuterait et les prix baisseraient. Pourtant, ce n’est pas du tout le cas. L’an dernier, le nombre de transactions a même bondi de 28%. Plus de 2 000 tabacs ont changé de main. Il n’y a pas de prix moyen significatif car les valeurs vont de 200 000 euros, pour un petit débitant dans une zone peu peuplée, à plus de 5 millions d’euros pour un gros tabac sur la côte d’Azur. Les prix font donc mieux que se tenir car la demande est supérieure à l’offre.
Dans certains villages le tabac fait épicerie, poste et point relais
Premièrement, la demande est forte parce que le nombre de points de vente en France est encadré. Si l’on peut ouvrir un restaurant comme on veut, pour un tabac il faut une autorisation, et les douanes n’en accordent pas 40 par an. Cela veut dire que la concurrence reste limitée par une forme de numerus clausus. Ainsi, on peut jouir d’une forme de rente sur une zone géographique. Il n’y a pas de concurrence via Internet et les prix sont les mêmes partout. Personne ne peut casser les prix ou offrir un meilleur service pour gagner des parts de marché. Enfin, on n’a pas besoin d’un diplôme ou de la moindre compétence pour reprendre un tabac.
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Et puis un tabac vend de plus en plus de choses. Au-delà du traditionnel bar-tabac, on peut vendre des jeux d’argent, de la presse et de plus en plus des services de proximité. Dans certains villages le tabac fait épicerie, poste et point relais. L’Etat a même mis en place un fonds de modernisation que la confédération des tabacs veut voir renouveler. Finalement, c’est un métier qui peut être pénible et pas toujours très varié mais qui est peu risqué. Si vous investissez dans un tabac, il y a peu de chances que votre argent parte en fumée. Alors qu’un commerce sur deux en France fait faillite dans les 3 à 5 ans après son ouverture.
David Barroux