Panzani, le fabricant alimentaire de pâtes, a décidé de prendre le virage écoresponsable. Dans 2 ans, le groupe a pour but de se fournir uniquement en blé provenant de fermes responsables et compte privilégier la production française. C’est une bonne nouvelle pour le secteur céréalier en Hexagone mais également une stratégie logique sur un marché instable depuis la guerre en Ukraine.
Panzani compte imposer un cahier des charges strict à ses producteurs
Panzani entame une nouvelle révolution, un après son changement d’actionnaire. Si le fabricant alimentaire va continuer à faire des pâtes, ce seront des pates responsables. En effet, les pâtes sont le cœur de métier de cette entreprise qui reste numéro un en France avec 28 % de parts de marché dans les pâtes sèches. Un groupe qui a connu quelques péripéties depuis sa création dans les années 1950 par un jeune expert-comptable qui s’était mis à fabriquer des pâtes fraiches dans le grenier de ses beaux-parents pendant la guerre. En 2021, l’espagnol Ebro avait repoussé les avances de Lustucru pour vendre Panzani au fonds d’investissement CVC Capital Partners pour un demi-milliard d’euros. La filière céréale française regardait donc avec intérêt et un peu d’interrogation ce qui allait bien pouvoir arriver à Panzani qui rachetait à lui seul 35 % de la production de blé dur cultivée en France.
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Désormais la filière a de quoi être rassurée. Du moins, une partie des céréaliers car Panzani a décidé de s’approvisionner essentiellement en blé responsable. A l’horizon 2025, le groupe espère que 100 % de sa production proviendra de fermes engagées dans une production plus durable contre un peu plus d’un quart aujourd’hui. Pour cela, l’entreprise va étendre son partenariat avec le monde agricole. Elle espère travailler avec 3000 agriculteurs français, soit 3 fois plus qu’aujourd’hui. Elle compte alors leur imposer un cahier des charges strict, concernant la limitation des engrais ou le choix de variétés plus résistantes aux maladies et aux effets du réchauffement climatique.
Panzani a déjà cessé ses achats de blé dur en Italie et en Espagne pour privilégier les agriculteurs français
Ce renforcement stratégique de la marque s’explique par la volonté de soigner son image. Panzani constate une certaine attente des consommateurs en matière de responsabilité des entreprises, dans l’alimentaire particulièrement. De plus, le marché est en faible croissance, et ce pari peut être gagnant. Mais ce n’est pas la principale raison. Sur des marchés céréaliers perturbés par la guerre en Ukraine et par la sécheresse au Canada, Panzani entend sécuriser ses approvisionnements et ses coûts, en privilégiant les circuits courts.
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En 2019, le groupe avait déjà décidé de cesser ses achats de blé dur en Italie et en Espagne pour ne s’adresser qu’à des agriculteurs français. Sachant qu’il écoule en France, les 3 quarts de sa production de coquillettes, de penne ou encore de spaghetti. Ainsi, le fabricant sécurise aussi ses besoins en blé, en soutenant une filière qui reste sous pression. Depuis quelques années, on assiste à une réduction régulière des surfaces cultivées en blé. Elle est au plus bas depuis presque 20 ans. Le blé reste une céréale très sensible à la météo et qui est apparu moins rentable ces dernières années pour les agriculteurs. Pour les encourager à passer au responsable, Panzani a prévu de leur offrir un bonus de 20 euros à la tonne. Cela représente tout de même pour la marque même un coût supplémentaire de 5 millions d’euros.
Pierrick Fay