Le secteur automobile sort d’une année 2021 record en matière de bénéfice dégagé. Malgré les crises, les constructeurs ont su adapter leur production en conséquence.
134 milliards d’euros de bénéfice en 2021
On parle régulièrement de crise dans le secteur automobile. Pourtant, les profits n’ont jamais été aussi élevés pour les constructeurs. On est face à un incroyable paradoxe. Depuis 2 ans, les ventes reculent. La crise économique pèse globalement sur la demande. La crise des semi-conducteurs a pesé sur l’offre, sur la production. En dépit de cette situation négative, les profits des plus grands groupes automobiles de la planète n’ont jamais été aussi élevés. Alors que les ventes de voitures et d’utilitaires étaient de 100 millions d’unités par an, il y a quelques années, on est passé à 63 millions l’an dernier. Pourtant, la marge des 16 plus grands groupes, calculée par EY et rendue publique par Les Echos ce matin, est de 8,5%, ce qui est beaucoup.
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En valeur absolue les bénéfices sont passés de 50 milliards en 2020 à 134 milliards d’euros en 2021. C’est bien plus que le précédent record de 100 milliards en 2017. On peut expliquer ce paradoxe grâce à deux facteurs. Le premier c’est que comme les industriels manquaient de composants et qu’ils ne pouvaient pas produire assez de véhicules, ils ont concentré l’offre sur le haut de gamme ou sur les véhicules les mieux équipés. Or, plus c’est cher et plus il y a d’options, plus la marge par véhicule est élevée. La deuxième raison est qu’à cause de la crise, ils ont moins produit en volume, et ainsi les constructeurs ont drastiquement réduit leurs coûts. Quand la baisse des coûts est supérieure à la baisse des revenus, la marge est forcément dopée.
En 2022, le chiffre d’affaires de Tesla devrait dépasser celui de Renault
Cette situation pourrait être durable. La pénurie de composants va rester assez vive en 2022 et comme la demande va rester plus importante que l’offre, le contexte va continuer de rester porteur en matière de marges. Après, il ne faut pas croire que la crise profite à tous les constructeurs de la même manière. Les plus gros comme Volkswagen, Toyota, Stellantis ou General Motors, s’en sortent bien. Tesla et Hyundai Kia qui sont un peu les nouveaux acteurs qui comptent font de bons bénéfices. A l’inverse, le ventre mou, comme Renault ou son partenaire Nissan, souffre un peu. Pour la première fois cette année, Tesla devrait même dépasser Renault sur le terrain du chiffre d’affaires et bien sûr de la rentabilité. Ce n’est peut-être qu’un détail mais c’est un détail qui veut dire beaucoup.
David Barroux