Alimentation : La guerre des chips en passe d’être perdue par la France

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Les Echos nous alertent ce matin sur un sujet qui pourrait sembler mineur. La France est en train de perdre la guerre des chips. Si je pouvais me permettre un mauvais jeu de mots je dirais que la chips française n’a pas la patate.

La France importe des paquets de chips fabriqués par des industriels dans les pays voisins

Sur le terrain, on aurait toutes les raisons d’être les rois du monde des chips salées ou des tuiles extra-craquantes car la France est quand même la première puissance exportatrice de pommes de terre européenne. La patrie de Parmentier c’est nous ! Mais la vérité m’oblige à dire que François Bayrou, qui est notre Haut-commissaire au plan, vient de tirer la sonnette d’alarme et il a raison : la France exporte de la patate, une matière première non transformée et peu valorisée et en échange on importe des paquets de chips fabriqués par des industriels dans les pays voisins qui empochent les marges.

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Est-ce vraiment grave ? Oui et non. Non parce qu’en termes économiques, notre balance commerciale sur le front des chips n’est déficitaire que de 120 millions d’euros. Ce n’est pas une catastrophe économique. Mais oui c’est quand même grave parce que cela dit quelque chose sur la faiblesse de l’industrie française. On a la matière première, on a des industriels comme le géant Vico ou le plus petit Breton Altho qui produits les Bret’s. On a donc une demande et on n’arrive pas à produire assez. C’est le symbole du manque de compétitivité de notre outil industriel. On devrait nous récolter des pommes de terre et les exporter dans toute l’Europe. Mais c’est en grande partie l’inverse parce que 30% de la consommation sont des marques distributeurs qui cherchent des petits prix et donc des producteurs compétitifs.

Le marché des chips est en croissance de 3 à 5% par an

Le marché des chips n’est pas gigantesque. Il ne pèse que 500 à 600 millions d’euros de chiffre d’affaires par an en France. Mais c’est quand même le troisième segment du marché stratégique de l’apéro derrière les cacahuètes (le segment graines) et les snacks. C’est un marché en croissance de 3 à 5% par an. D’abord parce que l’on a de plus en plus tendance, Covid oblige, à prendre l’apéro à la maison. Ensuite parce que c’est un produit qui séduit encore plus les jeunes. Il y a donc un avenir pour la chips. C’est un produit sur lequel il y a de l’innovation : on invente des nouveaux goûts, on sort des chips bio. Un peu comme pour la bière qui profite des micro-brasseries, c’est un segment avec à la fois des poids lourds industriels et des acteurs plus locaux. Et puis il y a des réserves de croissance. On en consomme qu’un peu plus de 1 kilo par an par habitant. C’est deux fois moins que la moyenne européenne et c’est surtout cinq fois moins que chez nos voisins Britanniques. Mais c’est vrai que chez eux, le fish and chips, c’est un peu le summum culinaire.

David Barroux

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