Philippe Wahl, le patron de La Poste, dans un entretien au journal Les Echos, alerte sur l’état actuel du groupe. Le recul habituel du courrier depuis quelques années combiné au confinement laisse entrevoir une année noire et oblige le groupe à repenser sa stratégie.
Une recul du courrier de 1,4 milliards cette année
Philippe Wahl, président-directeur général de La Poste, décrit une situation catastrophique. L’activité du courrier est en effet en crise : à cause d’internet, des e-mails et de nos nouvelles habitudes de communication, le courrier baisse de plus de 10% par an depuis des années. Mais l’année 2020 est encore pire en raison de la crise sanitaire et du confinement. Habituellement le chiffre d’affaires courrier reculait de 600 millions par an. Cette année la chute sera de 1,4 milliards et le patron de La Poste estime que la crise va accélérer le déclin. Il s’attend à ce que désormais son activité courrier chute de 800 millions par an.
Le courrier représentait encore 60% du chiffre d’affaires dans les années 90
Le problème est de taille : le courrier constitue historiquement le cœur de l’activité du groupe. Il représentait encore 60% de son chiffre d’affaires dans les années 90 au moment où seul le fax représentait le danger. En 2010 le courrier ne représentait plus que 40% des revenus et dix ans plus tard moins de 20%. Peu de groupes sont confrontés à un tel effondrement de leur activité principale.
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Pour La Poste, le problème est double. D’abord, elle est une entreprise de culture publique. Elle ne peut pas comme n’importe quel groupe privé mettre tout le monde à la porte. Ensuite, elle assure une mission de service public. Elle doit conserver une infrastructure pour distribuer le courrier partout en France. Elle ne peut pas vraiment se permettre de réduire ses coûts.
Le e-commerce va-t-il sauver La Poste ?
Pour limiter la casse, le groupe peut augmenter progressivement le prix des timbres. Il peut passer d’une distribution en 24 heures, dite J+1, à un courrier qui va moins vite. Mais La Poste doit surtout développer de nouvelles activités. Le groupe contrôle les deux-tiers du marché du colis, boosté par la hausse du e-commerce.
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Il se diversifie aussi dans les services financiers, accélère dans le colis et la messagerie à l’international. Il essaie de lancer des nouveaux services pour les personnes âgées ou pour faire passer l’épreuve du code de la route. L’objectif est de compenser une grosse perte par une multitude de petits gains. Il s’agit d’une tâche compliquée et ce n’est pas certain que cela sera suffisant.
David Barroux