Accell, propriétaire des vélos Lapierre, racheté par l’Américain KKR

Ludovic Péron / Wikimedia Commons

Ça bouge dans le vélo en Europe. L’investisseur américain KKR vient d’annoncer qu’il allait dépenser 1,5 milliard d’euros pour mettre la main sur l’un des principaux fabricants de cycle du vieux continent.

L’an dernier les ventes de vélos ont bondi de 40% en Europe

Le vélo est un marché qui se portait bien avant le Covid et qui se porte encore mieux depuis. Entre le développement partout en Europe des pistes cyclables, la peur des transports en commun et la montée en puissance du vélo électrique, c’est un marché du cycle qui explose. L’an dernier les ventes ont bondi de 40% en Europe pour atteindre les 22 millions d’unités. Et si on n’avait pas eu en plus des problèmes de pénuries de composants, le marché aurait sans doute progressé encore plus vite. C’est ça qui donne envie aux investisseurs américains de parier sur le vélo.

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Mais pourquoi investir en Europe et pas en Chine ? Le groupe Accell a réussi à se développer en Europe essentiellement pour deux raisons. L’entreprise a tout un portefeuille de marques qui parlent aux Européens. En France, elle est par exemple propriétaire des vélos Lapierre sur lesquels roule l’équipe FDJ. Accell a aussi su développer des vélos électriques et même des vélos cargos pour les livraisons ou pour déposer les enfants à l’école. Le groupe a une offre, il y a une demande et la Commission européenne a en plus, pour une fois, fait ce qu’il fallait pour que le made in Europe ne soit pas victime du dumping chinois. On a mis des droits de douane très élevés sur l’importation chinoise de vélos. On peut du coup importer des pièces et des cadres d’Asie mais assembler le produit fini en Europe et être compétitifs. L’Europe a créé une vraie barrière à l’entrée qui rend ce marché attractif. Accell a quand même vendu plus de 900 000 vélos l’an dernier.

La spécialité de KKR est de lever de l’argent et racheter l’entreprise

Le financier qui rachète s’appelle KKR. C’est un fonds créé au milieu des années 70 aux Etats-Unis et qui a inventé un métier qu’on appelle le « private equity ». Leur spécialité est de lever de l’argent et ensuite, plutôt que d’investir dans des entreprises cotées en bourse, KKR rachète toute l’entreprise. Le groupe nomme souvent une nouvelle équipe de direction, lance parfois des plans d’économies drastiques mais donne aussi des moyens pour investir et se développer rapidement. KKR est dans une course de vitesse et d’efficacité, sa méthode fonctionne et a été copiée depuis. Ce sont des financiers purs et durs mais en général ils ne se trompent pas. Et si KKR croit dans le vélo, c’est un signe.

David Barroux

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