Guillaume Durand, Directeur de l’information de Radio Classique et lauréat du prix Renaudot-Essai, était l’invité de Renaud Blanc ce matin. Il nous parle de Déjeunons sur l’Herbe, son livre consacré au peintre Edouard Manet et son art « révolutionnaire ».
Dans son livre, Guillaume Durand parle de Picasso, Baudelaire ou encore Mick Jagger
Ce jeudi, Guillaume Durand a été décoré du prix Renaudot-Essai pour Déjeunons sur l’herbe (Bouquins), son livre dédié à Edouard Manet. « C’est l’histoire d’une vie, de mon père [le marchand d’art contemporain Lucien Durand], de quelque chose qui me touche considérablement », confie-t-il. Peu enclin à écrire un ouvrage d’histoire de l’art, « académique », l’auteur a voulu mélanger des « choses complexes » à des « choses populaires », sautant de Picasso à Baudelaire en passant par Mick Jagger. « Je n’avais pas l’intention d’utiliser ma connaissance pour des raisons narcissiques mais pour des raisons sentimentales« , exprime-t-il.
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Ce prix Renaudot vient récompenser « un homme de télévision » [passé par la Cinq, TF1 et Canal +], ce qu’il pensait invraisemblable. Il affirme que sa passion originelle est l’écriture, « mise de côté » par l’enseignement puis par une autre « parenthèse » : « j’ai été pris et ravagé par le journalisme ». Guillaume Durand avait déjà publié trois ouvrages : La Peur bleue (Grasset), Il était une fois Françoise Sagan (Laffont) et Mémoires d’un arythmique (Grasset).
Olympia de Manet « augure de tout le 20ème siècle » selon Guillaume Durand
Oublié par l’Education Nationale selon lui, Edouard Manet fait partie de ces « gens qui ont une vie presque christique ». Il note l’apport « révolutionnaire » du peintre à l’art du 19ème siècle, une œuvre qui ouvre la voie aux impressionnistes mais qui s’achève dans d’horribles souffrances avec la syphilis à 51 ans. « J’ai toujours été très touché par les apocalypses d’émotion », partage Guillaume Durand, qui a commencé à écrire en période de convalescence. « Le fait d’avoir flirté avec des abîmes profonds m’a poussé à terminer ce livre qui me paraissait improbable au début », poursuit-il. Une de ses œuvres préférées de Manet est Olympia, représentant une prostituée sur un canapé par « une symphonie fantastique de noir et blanc ». Selon lui, ce tableau « augure de tout le 20ème siècle ». Après Le Déjeuner sur l’Herbe, qui fait un scandale en 1863, Manet se « débarrasse de la nature » jusqu’à Un Bar aux Folies Bergères. Avant de mourir, la peinture de l’artiste se recentre sur l’humain, « sur vous et moi ».
Clément Kasser