Nickel Boys, écrit par Colson Whitehead a été récompensé par un prix Pulitzer. C’est mon coup de cœur de la semaine.
Nickel Boys décrit la maltraitance et le sadisme en milieu éducatif
Elwood Curtis a 16 ans et c’est un gamin parfait. Excellent à l’école, ne boit pas, ne fume pas, ne se bagarre pas et aide sa grand-mère Harriet en travaillant quelques heures par semaine comme magasinier chez Mr Marconi, l’épicier italien de son quartier de Tallahassee… un quartier essentiellement noir; car Elwood est noir. Et en 1962 en Floride ce n’est pas une sinécure ! Le Klan est tout puissant et la loi de Lynch encore parfois appliquée.
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Elwood ronge son frein et fait profil bas en attendant son départ pour l’université. Noire certes, mais de très bon niveau. L’homme qui le prend en stop a volé la voiture. Le policier blanc qui les contrôle se régale : « y’a qu’un nègre pour voler une Plymouth »… L’université attendra. Pour Elwood, direction la Nickel Academy, une maison de correction d’Etat pour toutes les races. Mais les châtiments les plus durs surtout pour les Noirs.
Colson Whitehead a reçu deux prix Pulitzer
Dans la « maison blanche », au fond du domaine, attend la « black beauty ». Si ça ne suffit pas, il y a le séjour dans le « four à pain ». Après ça, reste seulement le Trou ; et au-delà, le cimetière clandestin de l’école. Un demi-hectare de pâtures d’où les terrassiers sortiront plusieurs dizaines de corps d’élèves, des années après la fermeture de l’établissement. Tout cela, Colson Whitehead nous le révèle brut de décoffrage dans son nouveau roman « Nickel Boys ».
Bien sûr, la maltraitance et le sadisme en milieu éducatif ont été maintes fois décrits, de chaque côté de l’Atlantique. Mais ce livre-là, qui sort à un moment où, comme dans les années 60, l’Amérique se déchire sur les questions raciales, ce livre-là tape encore plus fort que les autres. Car Colson Whitehead, double prix Pulitzer, est un écrivain puissant, qui part de faits avérés pour nous raconter le destin d’Elwood Curtis. Un destin d’une telle injustice qu’il n’a pas fini de vous hanter.
« Nickel Boys », de Colson Whitehead, vient de sortir chez Albin Michel.
Bernard Poirette