Alors que les responsables du Philharmonique de New York viennent de conclure un accord de baisse des salaires (- 25%) avec ses musiciens, le Met Opera doit faire face à un conflit social entre la direction et les machinistes qui refusent le plan de réduction salariale (-30%) proposé par Peter Gelb.
La direction du Met Opera a imposé un chômage technique à ses machinistes
Le lundi 7 décembre minuit, les 300 machinistes qui œuvrent sur la scène et dans les coulisses du Met Opera au Lincoln Center ont été mis en lock-out (sorte de chômage technique) par les responsables de l’institution new yorkaise. Une décision qui fait suite à l’échec des négociations salariales entreprises le mois dernier entre la direction du Met et les syndicats.
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Le projet présenté fin novembre par le directeur général Peter Gelb proposait que les employés soient à nouveau salariés moyennant une réduction de salaire de 30% jusqu’à la réouverture du Met et qui serait ensuite ramenée à 15% jusqu’à ce que l’opéra retrouve son niveau de recettes d’avant pandémie de Covid 19, pas avant 2025 selon les spécialistes.
Le syndicat des machinistes estime que « le Met veut que les travailleurs assument tout le fardeau »
Une réduction bien trop élevée selon les représentants du personnel et notamment le syndicat des machinistes (Alliance internationale des employés de scène du théâtre – IATSE) qui a fait une contre-proposition refusée par la direction. Son représentant, James J. Claffey Jr, estime que ce que propose la direction du Met « pendant une pandémie mortelle est tout simplement ridicule, mais c’est leur moyen de pression à ce stade ». Son syndicat rejette l’idée que les réductions de coûts devraient incomber principalement à la main-d’œuvre, considérant que « le Met veut que les travailleurs assument tout le fardeau ».
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Un conflit qui pourrait s’étendre aux musiciens dont le représentant au sein de de la Fédération américaine des musiciens (AFM) a déclaré que son syndicat avait fait sa propre proposition de réductions salariales qui ne « déprécieraient pas le contrat des musiciens pour les décennies à venir ». Dans une déclaration, Adam Krauthamer a également dénoncé le lock-out des machinistes, affirmant que la renaissance du Met «ne devrait pas se faire au détriment des travailleurs qui font concrètement fonctionner l’organisation dans les coulisses ».
Les musiciens du Philharmonique de New York acceptent une réduction de leur salaire de 25% pendant 3 ans
Au même moment, on a appris que le New York Philharmonic et ses musiciens ont conclu un accord sur un nouveau contrat de travail de 4 ans. En vertu de ce compromis, les musiciens continueront à être payés à 75 % du barème minimum jusqu’à la fin de l’exercice 2023. Au cours de l’exercice 2024, la rémunération totale passera à 80 % pour les six premiers mois et à 90 % par la suite. Une décision saluée par la présidente du NYP, Deborah Borda, qui a déclaré: « Je n’oublierai jamais la participation et le dévouement des musiciens de l’orchestre qui ont contribué de manière créative et pragmatique à la mise en place de cet accord. Ils ont toute mon admiration et mes remerciements les plus sincères ».
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En septembre, le Boston Symphony Orchestra, confronté à une perte de plus de 35 millions de dollars depuis le début de la pandémie, fut le premier grand orchestre américain à annoncer la signature d’un nouveau protocole de travail de 3 ans (jusqu’en août 2023). Dans le cadre de cet accord, les musiciens ont accepté une réduction de salaire de 37% en moyenne la première année. Un mois plus tard, c’est l’orchestre de Philadelphie qui avait annoncé avoir conclu un accord avec ses musiciens. Ceux-ci ont agréé une baisse de 25% de leur salaire, rétroactivement au 12 septembre, mais seulement jusqu’à la mi-mars 2021.
Philippe Gault