BRITTEN Benjamin

(1913-1976) Epoque contemporaine

Britten a composé de magnifiques œuvres lyriques, instrumentales, chorales et vocales. Ses opéras font partie aujourd’hui du répertoire de toutes les grandes scènes, les plus connus étant Peter Grimes et l’opéra pour enfants Le Petit Ramoneur. Certaines de ses mélodies sont à redécouvrir, comme les Berceuses pour mezzo-soprano. Très attentif au texte, Britten est, à trois siècles de distance, le digne successeur de Purcell.

Benjamin Britten en 10 dates :

  • 1913 : Naissance à Lowesoft (Suffolk)
  • 1929 : Études musicales à Londres
  • 1939 : Départ pour les Etats-Unis
  • 1945 : Peter Grimes (création à Londres)
  • 1948 : Création du Festival d’Aldeburgh
  • 1951 : Billy Budd (création au Covent Garden)
  • 1961 : Sonate pour violoncelle et piano (composition et création)
  • 1962 : War Requiem (création à Coventry)
  • 1973 : Mort à Venise (création à Snape, près d’Aldeburgh)
  • 1976 : Mort à Aldeburgh (Suffolk)

 

Antimilitariste, Britten part vivre aux Etats-Unis au début de la guerre avec son compagnon Peter Pears

Sa mère, chanteuse amateur, détecte ses dons pour la musique et favorise sa vocation. Il entre à seize ans en classe de piano et de composition au conservatoire de Londres et commence très vite à composer. Son premier opus pour orchestre de chambre, Sinfonietta, est composé en 1932 et créé en public l’année suivante. En 1939, il décide de partir aux Etats-Unis. C’est le début de la guerre, et Britten assume des convictions anti-militaristes. Sa mère est décédée depuis peu, rien de le retient en Angleterre. Il part avec le ténor Peter Pears, son compagnon depuis 1936 et qui le restera jusqu’à sa mort. Il compose beaucoup, notamment le cycle de mélodies Les Illuminations sur les poèmes de Rimbaud, une première œuvre lyrique Paul Bunyan pour l’université Columbia de New York, et une symphonie. Cette Sinfonia da Requiem est créée au Carnegie Hall en 1941. Ayant obtenu d’être réformé, il rentre en Angleterre en 1942.

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Mélodies et opéras témoignent de son amour pour la voix

Britten accompagne lui-même ses mélodies, le plus souvent dédiées à Pears. Après Les Illuminations viennent les Sept sonnets de Michel Ange pour ténor et piano, créés à Londres en septembre 1942. L’année suivante, il compose Sérénade pour ténor, cor et cordes, sur des poèmes de Blake, Tennyson et Keats. En 1947, A Charm of Lullabies s’inspirent des textes de berceuses de poètes anglais des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles. Ces mélodies sont écrites pour la mezzo-soprano Nancy Evans.

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L’opéra Peter Grimes le rend célèbre en 1945. Le livret est inspiré d’un poème de George Crabbe, The Borough (1810), qui évoque le port de pêche d’Aldeburgh où il est né, et où s’installe Britten. C’est l’histoire terrible d’un pêcheur accusé de meurtres par son village. Peter Pears n’est pas pour rien dans la réussite de la création à Londres en juin 1945. L’œuvre est immédiatement reprise dans toute l’Europe, et à Tanglewood sous la direction de Bernstein en 1946. Britten enchaîne ensuite avec Le viol de Lucrèce, créée à Glyndebourne par la grande Kathleen Ferrier, puis Albert Herring, un opéra comique également créé à Glyndebourne mais plutôt mal accueilli, ce qui entraîne la rupture avec la direction du festival.

 

La création du Festival d’Aldeburgh lui offre une scène pour les œuvres lyriques contemporaines.

Britten et Pears veulent promouvoir les œuvres lyriques contemporaines. Ils créent l’English Opera Group, puis ont aussi l’idée d’un festival de musique classique sur leur lieu de résidence. En juin 1948 a lieu la première édition du Festival d’Aldeburgh, inaugurant une longue histoire qui se poursuit toujours, aujourd’hui sous la direction artistique du pianiste Pierre-Laurent Aimard. La grande salle de concert, Snape Maltings, n’est inaugurée qu’en 1967. C’est là que sera créé le dernier opéra de Britten, Mort à Venise, en 1973.

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Mstislav Rostropovitch lui inspire des œuvres pour violoncelle.

La rencontre en 1960 avec Mstislav Rostropovitch déclenche une série de compositions. La Sonate pour violoncelle et piano et les Suites pour violoncelle sont bien-sûr dédiées au violoncelliste russe. Britten est aussi un excellent pianiste et un très bon chambriste. Rostropovitch viendra à Aldeburgh et ils enregistreront ensemble plusieurs disques, dont la version mythique de la Sonate Arpeggione de Schubert. Leur amitié durera jusqu’à la mort de Britten.

Young Person’s guide to the orchestra (dir. Michael Tilson-Thomas)

 

Le War Requiem remporte un grand succès dès sa création.

La cathédrale de Coventry ayant été détruite pendant la guerre, une nouvelle est construite. On commande une œuvre à Britten pour l’inauguration, prévue en 1962. Le compositeur écrit une messe de requiem pour chœur et orchestre avec trois solistes, ténor, soprano et baryton. Outre le texte en latin, il ajoute des textes d’un poète anglais, Wilfred Owen, tué pendant la première guerre, qui viennent s’intercaler entre les parties habituelles du requiem. L’ensemble forme une œuvre originale, très engagée, avec un Lacrimosa impressionnant chanté en latin par la soprano, en duo avec le ténor qui lui chante en anglais. L’accueil de ce War Requiem est favorable et l’enregistrement de 1963 récolte également un grand succès, que ne démentiront pas les enregistrements successifs, l’un des plus récents étant celui d’Antonio Pappano avec Anna Netrebko, Ian Bostridge et Thomas Hampson.

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Britten, déjà gravement malade au début des années 1970, prépare un opéra inspiré de Thomas Mann, Mort à Venise. La sortie du film de Visconti le contrarie, mais il poursuit néanmoins son travail. La création a lieu en juin 1973 à Snape, en l’absence de Britten hospitalisé. Il pourra néanmoins voir l’opéra en octobre à Covent Garden. Peter Pears sexagénaire interprète le rôle d’Aschenbach, et l’orchestre restitue toutes les couleurs de la mer et du vent.

Anobli par la Reine, Lord Britten of Aldeburgh s’éteint en 1976.

 

Philippe Hussenot

 

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