Après le succès critique des deux premiers volumes de leur intégrale des symphonies de Sibelius, le chef finlandais Santtu-Matias Rouvali et l’Orchestre Symphonique de Göteborg nous font découvrir plus en détail le caractère panthéiste de l’oeuvre de Sibelius.
Le jeune chef finlandais accentue la modernité de cette musique
Sibelius, en proie à des problèmes de santé et des soucis financiers, déménage sur les bords du lac Tuusula juste avant l’écriture de sa Troisième Symphonie. Sa nouvelle symphonie se trouve alors fortement inspirée par la nature qui l’entoure. En avril 1915, alors que le monde est en plein chaos, il note dans son journal l’apparition de seize cygnes au-dessus du lac ainsi que leur chant, qui lui inspirent alors le célèbre thème, aux cors, du final de la Cinquième Symphonie.
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Très attachée à ciseler les détails de l’orchestration, la baguette de Santtu-Matias Rouvali déchaîne une matière organique en fusion sous une chape de plomb, préférant déployer un camaïeu aux mille nuances plutôt qu’une palette aux mille couleurs, quitte à passer l’estompe sur le (post)romantisme de Sibelius, à rebours de la plupart des chefs. Une (re)lecture singulièrement sombre de ces deux symphonies, la mal-aimée (n° 3) et la très fêtée (n° 5). Le poème symphonique La Fille de Pohjola, choisi en complément, baigne dans la noirceur la plus totale. Le chef s’autorise des tempos amples grâce auxquels il creuse sous les notes, permettant à la partition d’exprimer tout son potentiel de modernité. D’autant que la phalange suédoise fait montre d’une appréciable plasticité et d’une avantageuse palette de timbres.
Jérémie Bigorie
Jean Sibelius : Symphonies n° 3 et 5. La Fille de Pohjola. Orchestre Symphonique de Göteborg, dir. Santtu-Matias Rouvali (Alpha)
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