Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de Philadelphie rendent justice à la compositrice Florence Price

Cette captation de deux des quatre symphonies de Florence Beatrice Price est née d’un concert numérique en ligne, réalisé durant la pandémie.

« J’ai deux handicaps. Je suis une femme et j’ai du sang de couleur dans mes veines »

En novembre 1943, la compositrice Florence Price se fend d’une lettre à Serge Koussevitzky, directeur musical de l’Orchestre symphonique de Boston, lui demandant d’envisager d’interpréter ses partitions : « Malheureusement, le travail d’une femme compositrice est perçu par beaucoup comme léger, superficiel, manquant de profondeur, de logique et de virilité », confie-t-elle. « Ajoutez à cela l’incident de race – j’ai du sang de couleur dans les veines – et vous comprendrez certaines des difficultés auxquelles on est confronté dans une telle position ». C’était sa deuxième lettre à Koussevitzky, il n’y a aucune preuve qu’il lui ait jamais répondu. Cette captation de deux des quatre symphonies de Florence Beatrice Price sont nées d’un concert numérique en ligne, réalisé durant la pandémie mais le chef de l’Orchestre de Philadelphie, Yannick Nézet-Séguin, promet une exploration complète de la production orchestrale de la compositrice afro-américaine. Une telle initiative est des plus heureuses, car bien que Price ait été la première femme noire à voir une de ses œuvres interprétées par un grand orchestre symphonique, sa musique n’a été jusqu’ici que peu enregistrée.

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Cette « première » était la Symphonie n° 1 en mi mineur, jouée par l’Orchestre symphonique de Chicago sous la direction de Frederick Stock en 1933. Elle rappelle Antonin Dvořák, par le truchement de motifs afro-américains et autres airs pentatoniques. Les mouvements sous-titrés « Juba », particulièrement rutilants, font référence à une danse afro-américaine apportée en Caroline du Sud par des esclaves. Bien que les mouvements lents se ressentent du lyrisme effusif de musicien tchèque, leur structure est tout à fait originale, en particulier celle de la Symphonie n° 1. Yannick Nézet-Séguin et ses musiciens ont très bien capté ces atmosphères changeantes, vivement les Symphonies n° 2 et 4 !

Jérémie Bigorie


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