Ces enregistrements bouleversants sont le chant du cygne de Lars Vogt, décédé en septembre dernier.
Les enregistrements des deux trios avec piano de Schubert et de la plupart des autres pièces de chambre de ce double album (Rondo concertant, Sonate « Arpeggione », Trio « Notturno ») ne manquent pas ; l’un d’eux est même du trio de musiciens entendus ici, le violoniste Christian Tetzlaff, la violoncelliste Tanja Tetzlaff et le pianiste Martin Helmchen (Alpha)… mais la présente version a été captée au cours de la dernière année et demie de la vie du pianiste allemand.
La majorité des enregistrements ont été réalisés dans la douleur juste avant le diagnostic de cancer ; l’Opus 99, après le début de la chimiothérapie. Vogt semblait se précipiter pour enregistrer autant qu’il le pouvait, ignorant parfois les conseils de prudence de ses médecins.
Une exploration de la frontière entre le matériel et l’immatériel
Rien d’hagiographique, ni de pathétique dans cette élogieuse chronique mais simplement un constat fait par Lars Vogt lui-même à la fin de l’enregistrement : « J’ai un peu l’impression que tout dans ma vie s’est développé vers cet opus 100… s’il ne reste pas beaucoup de temps, alors c’est un adieu digne » et sans doute beaucoup plus que ça… un legs bouleversant !
Jérémie Bigorie
Franz Schubert : Trios avec piano. Rondo brillant. Sonate « Arpeggione ». Notturno. Christian Tetzlaff (violon), Tanja Tetzlaff (violoncelle), Lars Vogt (piano) – Ondine (2 CD)