La soprano Chloé Briot porte plainte contre un chanteur pour agression sexuelle

La jeune chanteuse lyrique française Chloé Briot a décidé de porter plainte pour agressions sexuelles commises à son encontre par un collègue chanteur. Elle a tenu à témoigner dans La Lettre du musicien.

Chloé Briot : « Pour en finir avec la loi du silence qui règne à l’opéra »

Les faits remontent à la période comprise entre octobre 2019 et février 2020 alors que Chloé Briot tenait le 1er rôle de l’opéra « l’Inondation », une création contemporaine de Francesco Filidei et Joël Pommerat, inspirée d’une nouvelle de Evgueni Zamiatine, jouée à l’Opéra-Comique ainsi qu’aux opéras de Rennes et de Nantes. La soprano dénonce les agressions sexuelles qu’elle a subies lors des répétitions, des filages et même pendant certaines représentations. La chanteuse admet que, dans un 1er temps, elle n’a pas osé s’en plaindre auprès de son agresseur. « Je n’arrivais pas à dire à mon collègue que sa manière de me toucher me déplaisait. Certes, nous devions jouer une scène de sexe, mais il agissait toujours au-delà du cadre des propositions du metteur en scène », déclare-t-elle à La lettre du musicien.

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Mais les agressions, insidieuses au début, se sont révélées, d’après elle, de plus en plus fréquentes et offensantes, notamment à Rennes et Nantes au début de l’année 2020, avec des attouchements inadmissibles et des propos de plus en plus obscènes et violents. Selon Chloé Briot, lors d’une représentation cet homme lui aurait même murmuré «J’ai envie de te faire mal, j’ai envie d’y aller ».

 

Le chanteur mis en cause risque jusqu’à 5 ans de prison

Suite à ces actes, la chanteuse mayennaise déclare en avoir parlé au metteur en scène du spectacle, puis au directeur de l’opéra de Rennes, avec un témoignage écrit, à qui elle demande de référer de la situation au directeur de l’opéra de Nantes mais, selon Chloé Briot, aucun n’a pris en compte cette situation. Une version réfutée par le directeur de l’institution rennaise qui indique que des mesures ont été prises à l’époque (horaires maquillage décalés, loges déplacées…) et qu’il a été demandé au chanteur concerné d’éviter tout contact avec la soprano hors plateau.

Toujours selon la version de Chloé Briot, c’est seulement après avoir averti le directeur de l’Opéra-Comique, Olivier Mantei, que la décision d’écarter le chanteur de de reprise des représentations, prévues jusqu’en 2024, a été prise. Interrogé par La Lettre du musicien, Olivier Mantei a tenu à préciser que, s’il a bien, depuis, confirmé la soprano pour les reprises en 2023/2024, « Il n’y avait encore rien d’engagé avec aucun des deux sur cette question, je n’ai désengagé personne. Le chanteur concerné est par ailleurs confirmé pour d’autres productions avec l’Opéra-Comique. Nous ne devons pas nous substituer à une action de justice, mais protéger les chanteurs ».

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Malgré ce dépôt de plainte, la jeune soprano se dit toujours très affectée par cette séquence éprouvante : « Aujourd’hui je suis cassée, je ne sais pas comment remonter sur scène et je ne dors plus. Je ne sais pas comment faire pour retrouver un chemin paisible dans mon métier et je me sens vulnérable quand je chante. D’ailleurs je n’ai pas pu chanter durant plusieurs semaines après cette agression ». Selon La Lettre du musicien, si l’enquête établit la véracité des faits, le chanteur mis en cause risque jusqu’à 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Dans sa prochaine édition de septembre elle publiera les résultats d’une enquête sur le harcèlement sexuel dans le monde de l’opéra. 

Philippe Gault

 

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