L’Orchestre Philharmonique de Buffalo (État de New York) a lancé publiquement, le mois dernier, une annonce afin d’attribuer une bourse de 2 ans à un chef d’orchestre-assistant issu de la diversité. L’annonce précise que les postulants doivent être identifiés comme « membres de groupes historiquement sous-représentés dans les orchestres américains », ce qui exclut de fait les candidats blancs et également asiatiques. Un mode de sélection qui va à l’encontre des règles fédérales sur l’égalité des chances en matière d’emploi.
Le BPO sensible à l’équité, l’inclusion et la diversité dans les arts
L’intitulé de l’annonce que le Buffalo Philharmonic Opera (BPO) a publié fin août est précisément: « Conductor Diversity Fellow » (bourse pour un chef d’orchestre issu de la diversité). Dans la fiche de poste, il est indiqué que les candidat(e)s doivent avoir « une connaissance approfondie du répertoire orchestral ainsi qu’une passion pour la musique classique et la capacité de développer une programmation imaginative qui encourage l’éducation musicale pour tous les âges », ce qui semble la moindre des choses pour un poste assimilable à celui de chef d’orchestre-assistant. Les candidat(e)s doivent également « montrer un engagement ferme à l’équité, l’inclusion et la diversité dans les arts ». Rien d’étonnant, à priori.
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En revanche ce qui est inédit c’est le fait que, selon les termes de l’annonce, les postulants doivent être identifiés comme « membres de groupes historiquement sous-représentés dans les orchestres américains y compris, mais sans s’y limiter, les Afro-américains, Hispaniques, Amérindiens, natifs d’Alaska, autochtones de descendance hawaïenne ou insulaire du Pacifique ». Une sélection qui exclut de fait les candidats blancs et également asiatiques majoritaires dans la direction d’orchestres aux États-Unis.
La loi américaine en matière d’embauche stipule qu’aucune offre d’emploi ne peut décourager un candidat à postuler en raison de sa race
Sur son site, le magazine (conservateur) National Review, qui a révélé l’affaire, remarque que, paradoxalement, pour contourner les lois anti-discrimination, de plus d’institutions sensibilisées par la question de la diversité comme le BPO (qui s’est doté d’un conseil de la diversité en 2016), préfèrent proposer des opportunités de bourses d’études plutôt que des emplois, soumis eux à une réglementation très stricte. La loi américaine en matière d’embauche stipule en effet qu’aucune offre d’emploi ne peut décourager un candidat à postuler en raison de sa race. C’est d’ailleurs à cet effet qu’ont été imposées en Amérique du Nord, depuis les années 70, les auditions à l’aveugle pour le recrutement des musiciens.
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Si le dispositif s’est avéré plutôt efficace sur le plan de la parité hommes-femmes, il est très critiqué en matière de diversité. L’an dernier, dans le New York Times, le critique musical Anthony Tommasini, dénonçait le principe de ces auditions à l’aveugle qui, selon lui, « constituent un obstacle à la diversité dans les orchestres symphoniques », tout en admettant qu’une partie du problème se situe plus dans l’éducation que dans les modes de recrutement.
Philippe Gault