Pierre Cardin est mort ce mardi matin à l’âge de 98 ans à l’hôpital américain de Neuilly. Fils d’immigrés italiens devenu un homme d’affaires au nom mondialement connu, le grand couturier laissera l’empreinte d’un passionné visionnaire de la mode et d’un grand mécène des arts et de la culture.
Italien de naissance, Pierre Cardin n’a jamais oublié ses origines
« Jour de grande tristesse pour toute notre famille, Pierre Cardin n’est plus. Le grand couturier qu’il fut, a traversé le siècle, laissant à la France et au monde un héritage artistique unique dans la mode mais pas seulement », écrit sa famille dans un communiqué. « Nous sommes tous fiers de son ambition tenace et de l’audace dont il a fait preuve tout au long de sa vie. Homme moderne aux multiples talents et à l’énergie inépuisable, il s’est inscrit très tôt dans les flux de la mondialisation des biens et des échanges », selon le texte.
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Précurseur, il s’était très tôt tourné vers l’Asie où il jouissait d’une grande notoriété: il s’était rendu dès 1957 au Japon, alors en pleine reconstruction, et avait organisé des défilés en Chine dès 1979. « Italien de naissance, Pierre Cardin n’a jamais oublié ses origines tout en portant à la France un amour inconditionnel », écrit encore sa famille. « Suprême consécration, il est enfin le premier couturier à entrer à l’Académie des beaux-arts, faisant reconnaître la mode comme un art à part entière ». Une passion qui amena Pierre Cardin à s’intéresser et à contribuer, en tant que mécène prolixe, au développement de nombreuses formes d’art et notamment de la musique et de la danse.
Le Festival de Lacoste a fêté ses 20 ans en 2020
Très tôt Pierre Cardin fréquenta le monde de la culture. On lui doit notamment la création de costumes et de masques du film La belle et la bête de Jean Cocteau en 1946. Pour la danse on se souvient des costumes qu’il créa notamment pour le ballet Bacchus et Ariane d’Albert Roussel donné en 1967 à l’Opéra de Paris. Mais c’est avec l’Espace Cardin, qu’il ouvrit dans les années 70 à Paris, que le couturier marqua son investissement dans le monde de la culture. Lieu iconoclaste, l’Espace Cardin a accueilli de nombreux événements culturels, expositions, pièces de théâtre, concerts et même des adaptations d’opéras comme ce fut encore le cas en 2014 avec la compagnie Opéra Coté Chœur dans une adaptation du Carmen de Georges Bizet.
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Le théâtre, la danse et l’art lyrique, les autres passions de Pierre Cardin qui leur dédia, un festival à Lacoste, dans le Luberon. Un village dans lequel le couturier a multiplié les acquisitions immobilières et investi des millions d’euros à partir de 2000. Le but de Pierre Cardin ? Loger ses invités, ouvrir des résidences artistiques, en un mot « construire » : « Je veux faire de ce village un Saint-Tropez de la culture. Sans le côté show-biz », expliquait-il en 2008 au Monde. L’été dernier, le Festival de Lacoste, sous l’égide de sa directrice artistique Eve Ruggieri, a fêté son 20e anniversaire dans les anciennes carrières du château du Marquis de Sade. On a pu y écouter Gérard Depardieu chanter Barbara, Marie-Claude Pietragalla danser La femme qui danse et Andrea Bocelli interpréter des airs d’opéra et des chansons populaires italiennes accompagné de l’Orchestre Symphonique d’Asti.
Philippe Gault (avec AFP)