Le gouvernement allemand met la pression sur le Festival de Bayreuth

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L’année 2021 risque d’être compliquée pour le célèbre festival bavarois qui devra, en priorité, se remettre de l’annulation de son édition 2020 en raison de la crise sanitaire, mais également supporter la pression que lui met désormais le gouvernement fédéral allemand.  

La ministre de la culture allemande se dit préoccupée par l’organisation structurelle du festival

L’automne avait pourtant été favorable aux dirigeants du Festival de Bayreuth qui avaient annoncé non seulement que l’édition 2021 pourra bien se tenir l’été prochain malgré l’évolution de la crise sanitaire, le retour de Katharina Wagner à la direction générale après ses graves ennuis de santé et, en décembre, la probable prolongation du contrat de son directeur musical Christian Thielemann.

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Un optimisme bien refroidi par l’intervention en début de semaine de Monika Grütters, la ministre allemande de la culture, qui a fait part, dans un entretien avec l’agence de presse DPA, de ses préoccupations concernant l’organisation structurelle du grand festival bavarois créé par Richard Wagner à Bayreuth il y a 145 ans, en 1876.

Le gouvernement fédéral allemand détient 29% des parts du Festival de Bayreuth

Dans cet entretien, la ministre a déclaré « Si vous reconnaissez des difficultés, vous ne devriez pas nous cacher les solutions que vous envisagez » en référence notamment aux difficultés financières qu’a connues le Festival ces dernières années. Une inquiétude légitime pour le gouvernement fédéral qui détient 29% des parts de Bayreuther Festspiele, à parts égales avec le land de Bavière et la Société des amis du festival (les 13% restants sont détenus par la ville de Bayreuth). Le gouvernement rappelle qu’en 2019 il a investi 2,9 millions d‘euros sur un budget de près de 27 millions € et qu’il a récemment promis 84,7 millions d’euros supplémentaires pour la rénovation de la Richard-Wagner-Festspielhaus, qui aura coûté près de 180 millions €.

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Mais les préoccupations de Monika Grütters ne sont pas seulement d’ordre économique. La ministre s’inquiète également de l’évolution de la programmation du festival, de son adéquation avec son public. « Les attentes du public sont-elles suffisamment prises en compte ? Les structures sont-elles adaptées pour atteindre le plus haut niveau de performance artistique ?  » Se demande Monika Grütters qui ne remet cependant pas en cause la position de la famille Wagner, représentée par Katharina, l’arrière-petite-fille du compositeur, dont elle loue le travail qu’elle a entrepris pour ouvrir le festival vers un public plus jeune et à l’étranger. La ministre de la culture précise malgré tout que « si la famille défend à juste titre son droit de participer, la question est plutôt de savoir si les statuts et les accords de partenariat actuels sont toujours d’actualité ». Dans un communiqué, Katharina Wagner s’est dite « heureuse que les problèmes structurels connus depuis des années soient discutés » ajoutant avec une petite dose d’agacement: « Je suis heureuse de lire qu’à ce stade, la ministre d’État, malgré d’autres défis et problèmes majeurs à résoudre dans le domaine culturel, souhaite renouveler des structures dépassées que je remets en question depuis des années afin de permettre au Festival de Bayreuth, à ses employés et, enfin et surtout, à sa direction de continuer à travailler efficacement et au plus haut niveau artistique ». Un échange certes policé mais qui sent le bras de fer, une relation sous tension qui s’engage entre le gouvernement fédéral et la direction du festival qui jouera certainement très gros l’été prochain avec une édition probablement adaptée en fonction de l’évolution de la crise sanitaire. Pour l’instant, seules 22 représentations sont programmées contre 32 habituellement.

Philippe Gault

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