Herbert von Karajan dirige l’Orchestre Philharmonique de Berlin au Royal festival Hall

Émouvant mais toujours superbe : tel apparaît ce concert donné le 5 octobre 1988 par Herbert von Karajan et « son » Philharmonique de Berlin en tournée à Londres, l’une de ses ultimes prestations à la tête de cet orchestre, dont il fut nommé « chef à vie » en 1955 avant d’en démissionner quelques semaines avant sa mort, le 16 juillet 1989 près de sa ville natale de Salzbourg
Au programme, la version pour orchestre à cordes de La Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg que le maestro autrichien avait enregistrée au début des années 70 pour Deutsche Grammophon parmi d’autres chefs-d’œuvre des principaux compositeurs de la « Nouvelle Ecole de Vienne » (Schoenberg, Berg et Webern), publication qui eut un retentissement considérable tant l’hédonisme sonore cultivé par Karajan contribua à rendre étonnamment séduisantes des pages réputées exigeantes, même si La Nuit transfigurée (1899), œuvre de jeunesse de Schoenberg, baigne dans un postromantisme capiteux qui doit autant à Wagner qu’à Brahms.

De Brahms justement, était donnée en seconde partie de ce concert la Première Symphonie que Karajan enregistra une dizaine de fois, dès 1943 au Concertgebouw d’Amsterdam, puis à Londres, Vienne et Berlin ! Une interprétation comme décantée, détachée des turpitudes de ce monde, à l’image de l’Adagio de la Symphonie n° 7 de Bruckner (avec le Philharmonique de Vienne), chant du cygne discographique du chef (avril 1989) que Francis Drésel nous propose parmi d’autres compléments de programme, tels le Concerto pour piano n° 21 de Mozart avec Geza Anda en soliste (Salzbourg, 1957) et la Symphonie n° 4 de Schumann (Staatskapelle de Dresde) captés au Grand Festspielhaus de Salzbourg en 1972.