L’Orchestre de la Suisse Romande a trouvé une parade pour proposer des concerts à son public alors que les salles de concert sont fermées en raison de la pandémie. Pendant la crise sanitaire, ses musiciens, plutôt habitués à l’activité de groupe, invitent le spectateur à un voyage musical en solitaire. Jamais musique de chambre n’aura porté aussi bien son nom.
Des moments émouvants, autant pour les spectateurs que pour les musiciens
L’expérience offerte aux amoureux de la musique, privés de concerts par les mesures de confinement, est on ne peut plus intime. Les concerts sont donnés un peu partout dans Genève, magasins de fleurs, boutiques ou anciens bâtiments industriels. De la performance de 10 minutes, le spectateur ne connaît que la date, l’heure et le lieu. L’œuvre et l’interprète restent un mystère jusqu’à l’heure H. C’est comme cela que Filipe De Figueiredo s’est retrouvé dans une galerie sur une île du Rhône, à écouter Verena Schweizer interpréter une sonate de Jean-Sébastien Bach sur son violon alto. « C’est presque un peu intimidant d’être face au musicien, non seulement on l’écoute mais on voit de tout près ce qu’il fait et donc c’est une expérience qui est super agréable à vivre », raconte ce spectateur après le concert.
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Si l’expérience pour le spectateur est inédite, la musicienne – membre de l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) depuis 1998 – a elle aussi dû adapter sa façon de se préparer. « C’est un moment extraordinaire pour nous parce qu’on partage un moment très intime avec une personne qu’on ne connaît même pas et c’est très intense, oui très spécial », confie-t-elle. « Il y a des gens qui sont très émus, presque tous, et ça c’est gratifiant pour nous aussi parce que ce sont des réactions qu’on n’a pas normalement, le public (d’habitude) c’est anonyme ».
Le gouvernement fédéral suisse a promis de nouvelles mesures d’assouplissement du confinement fin mars
« On a vraiment tous types de retours, il y a des personnes qui (…) quittent le concert sans dire un mot, sont pleins d’émotion, d’autres qui au contraire ont envie de partager ce moment avec les musiciens et prennent quelques minutes pour discuter avec eux de ce qu’ils viennent d’entendre, de la vie actuelle des musiciens et de la difficulté » de la période, explique Steve Roger, directeur général de l’OSR. Quant au public, « on a aussi bien des abonnés qui se sont précipités sur internet pour être sûrs de pouvoir y assister, que des gens qui n’ont pas l’habitude de venir au concert », ajoute-t-il.
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L’expérience, par ailleurs gratuite, pourrait encore se poursuivre un peu même si le gouvernement fédéral suisse a annoncé mercredi les premiers allégements aux nouvelles mesures de confinement mises en place il y a un plus d’un mois pour tenter de contrôler une forte vague de contaminations. Si tout se passe bien – et si les variants du virus peuvent être contenus – le gouvernement fédéral a promis de nouvelles mesures d’assouplissement le 22 mars et ce n’est qu’à cette date que l’orchestre pourrait alors de nouveau se produire devant un nombre limité de spectateurs.
À noter que l’Orchestre de la Suisse Romande a renouvelé cette semaine le contrat de Jonathan Nott, son directeur musical et artistique depuis la saison 2016/2017.
Philippe Gault (avec AFP)