Bien qu’ayant fait des débuts fracassants à 27 ans en remplaçant au pied levé Carlo Maria Giulini dans le Requiem de Cherubini à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw le 7 novembre 1956, Bernard Haitink a su mener sa carrière avec beaucoup de circonspection. Sa connaissance de l’orchestre, il l’a doit avant tout à sa pratique d’instrumentiste (il intègre à 25 ans l’Orchestre de la Radio Néerlandaise) et à une discipline de fer. Peu expansif au pupitre – sa gestuelle, d’une rare économie, reste un modèle de lisibilité pour les musiciens – Haitink se distingue rapidement au disque (Philips essentiellement) dans le grand répertoire postromantique, dans lequel il est si facile « d’en faire des tonnes », gravant des référence indémodables. Chose rare : il excelle aussi bien dans Bruckner que dans Mahler, dont il est le deuxième chef, après Leonard Bernstein et aux côté de Georg Solti, à se lancer dans une intégrale discographique qui fera date.
Nous l’entendrons ce soir principalement à la tête de l’Orchestre de Chicago – dont il fut le chef principal de 2006 à 2010 – dans Une Vie de Héros de Richard Strauss et Im Sommerwind de Webern (2008). Puis on remontra dans le temps avec Introduction et Allegro d’Elgar (Philharmonique de Londres, 1984), le Concerto pour piano n°27 de Mozart (avec Clifford Curzon, Concertgebouw Amsterdam, 1972) et la Symphonie n°9″Hymne à la joie » de Beethoven (Concertgebouw d’Amsterdam, 1980).