Du Brexit à la crise sanitaire en passant par l’évolution de sa carrière à Londres, Antonio Pappano a confié, dans un entretien au Figaro, ses impressions sur la période actuelle alors qu’il a appris la semaine dernière qu’il succédera à Sir Simon Rattle à la tête du London Symphony Orchestra (en tant que chef désigné en 2023 puis en 2024 comme directeur musical).
Antonio Pappano vit la crise sanitaire « avec un sentiment d’incompréhension et de déception »
C’est un début d’année 2021 très spécial que vit Sir Antonio Pappano. À commencer par la période très agitée que vit l’Angleterre, entre instauration du Brexit et pandémie de Covid-19 avec ses conséquences sur l’activité économique et artistique du pays. Une parenthèse que le maestro anglais de 61 ans dit avoir vécu « avec un sentiment d’incompréhension et de déception », même s’il se dit « bouleversé » d’avoir pu diriger à nouveau, il y a un mois, les musiciens de son orchestre du Royal Opera House dont il assure la direction musicale depuis 2002.
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Alors qu’il se prépare à diriger à Rome le 16 avril un concert de gala en streaming avec son Orchestre de l’Accademia Santa Cecilia, Antonio Pappano reste préoccupé par la situation compliquée des musiciens anglais depuis la mise en place du Brexit au Royaume-Uni. Rappelant qu’il n’est pas un pro-Brexit, le chef britannique estime que « Le temps des lamentations est passé. Pas celui des négociations » et qu’il faut continuer « à chercher de meilleures dispositions avec les différents pays européens pour les artistes britanniques » et faire en sorte que « Londres garde son attractivité culturelle ».
Antonio Pappano ne s’attendait pas à être nommé à la tête du London Symphony Orchestra
Interrogé par notre confrère du Figaro Thierry Hillériteau (qui intervient tous les mardis dans Le Journal du Classique de Laure Mézan à 20h sur Radio Classique) sur la réouverture au public (pour 1000 spectateurs) de Covent Garden le 17 mai, Sir Antonio Pappano avoue appréhender cette reprise « avec un mélange de joie, de fierté… et de prudence car rien n’est jamais sûr avec ce virus « . Le maestro se dit néanmoins satisfait de la manière dont l’offre de vaccins a été gérée outre-Manche « qui nous donne des raisons d’être optimistes, là où la situation reste inquiétante dans des pays qui font beaucoup plus pour la culture, comme en Allemagne ». Lui-même confie avoir été vacciné il y a un mois.
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Concernant sa nomination à la tête du London Symphony Orchestra (en 2023), Sir Antonio Pappano reconnaît que « ce fut un choc » car, dans son entourage, seul son agent était au courant mais n’avait rien dit avant l’annonce officielle. Pour lui, cet engagement arrive « ni trop tôt, ni trop tard » car il lui permettra d’aller au bout de ses mandats à la tête du Royal Opera House et de l’Académie nationale de Sainte-Cécile à Rome. Deux institutions avec lesquelles il espère garder « une forme de collaboration », même s’il a décidé, avec son épouse, de voyager beaucoup moins. « C’est un choix de vie autant qu’artistique » explique-t-il. « Ces 30 dernières années, notre existence a été une vraie folie en termes de déplacements ».
Philippe Gault