ANDREW DAVIS DANS LES HAUTES SPHÈRES

Après Adrian Boult, John Barbirolli et Benjamin Britten, Andrew Davis compte désormais parmi les interprètes les plus inspirés de la musique d'Elgar.

Andrew Davis est sans doute l’un des grands elgariens actuels. Il avait déjà enregistré Gerontius en 1997 avec Philip Langridge pour le 300e anniversaire de la cathédrale St. Paul. Encore supérieure, cette nouvelle version fera date. Elle concilie un tempo assez large avec un irrésistible sens de la progression vers la plénitude mystique de cette oeuvre unique, à mi-chemin entre opéra et oratorio. La double expérience de Davis (au théâtre et au concert) lui permet de mettre en valeur ce caractère théâtral. Parsifal a porté Gerontius sur les fonds baptismaux, et le choix de Stuart Kelton dans le rôle-titre en acquiert une particulière pertinence. Ce wagnérien confirmé possède la puissance requise par les sommets dramatiques, qu’il délivre avec aisance, sans dommage pour son magnifique timbre et avec une parfaite diction.
Il a été guidé au fil de son pèlerinage par Sarah Connolly, dont la pureté vocale toute céleste dénote une longue familiarité avec le rôle de l’Ange. David Soar, enfin, fait preuve d’une autorité et d’une fermeté en exact rapport avec les personnages (le Prêtre et l’Ange de l’agonie). Galvanisé jusqu’à des éclats vraiment paroxystiques ou d’une douceur frémissante dans les sections méditatives, le choeur traduit en temps réel les injonctions d’une direction inspirée au plein sens du terme.Sans atteindre au miraculeux alliage de suavité et de puissance de Barbirolli avec Janet Baker (EMI, 1964), l’accomplissement de cette nouvelle version range d’emblée Davis aux côtés des plus grands : Boult et Helen Watts (EMI, 1975) et Britten et Yvonne Minton (Decca, 1972).