Les membres de l’orchestre Royal du Concertgebouw ont voté samedi pour désigner le chef qu’ils aimeraient voir à la tête de leur formation. 3 candidats étaient soumis à ce scrutin dont le résultat n’a pas encore été publiquement révélé.
Le choix entre Nelsons, Fisher et Gergiev
Le public et la presse néerlandaise avaient parié sur le populaire Jaap van Zweden, ancien violoniste au Concertgebouw et directeur musical du New York Philharmonic Orchestra depuis 2018. Mauvaise pioche, le natif d’Amsterdam ne jouera pas à domicile. La direction de l’institution néerlandaise a soumis une short-list de 3 candidats prestigieux au vote des membres de l’orchestre afin de pourvoir le poste de directeur musical du Concertgebouw, vacant depuis l’éviction en 2018 du chef italien Daniele Gatti, sous le coup d’accusations de harcèlement sexuel. Les trois chefs d’orchestre retenus seraient, selon le quotidien De Volkskrant: Andris Nelsons (41 ans), Iván Fischer (69 ans) et Valery Gergiev (66).
3 chefs d’orchestre déjà très occupés
Trois noms prestigieux mais 3 chefs très convoités par d’autres formations plus riches, déjà très occupés et qui ne font pas forcément, pour certain, l’unanimité parmi les musiciens du Concergebouw.
Le Hongrois Iván Fischer, est réputé pour son éclectisme, sa capacité à diriger avec talent des registres très différents. Convaincant aussi bien avec un oratorio de Bach qu’avec un opéra de Wagner. Son dynamisme est recherché mais son perfectionnisme intransigeant lui est parfois reproché. Directeur musical du Konzerthausorchester de Berlin et très occupé par la direction du Budapest Festival Orchestra, qu’il a fondé, et ses envies de composer, rien ne dit qu’il serait prêt à accepter une « charge » supplémentaire.
Le temps et un agenda très rempli c’est aussi ce qui pourrait contrarier le choix d’Andris Nelsons. Le chef letton est très demandé (Il a dirigé le concert du Nouvel An à Vienne) et très occupé, en tant que chef permanent de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et, surtout, directeur musical du Boston Symphony Orchestra (jusqu’à 2023).
Le cas de Valery Gergiev est bien plus complexe. De 1995 à 2008, le chef russe a dirigé le Rotterdam Philharmonic, éternel rival du Concertgebouw, et y dirige toujours son propre festival. Son agenda est plus chargé que celui d’un chef d’État, à tel point qu’il a la réputation de ne pas avoir suffisamment de temps pour répéter et d’arriver au dernier moment, ce qui créé de fréquentes tensions avec les musiciens qu’il dirige. Il y a également l’aspect politico-diplomatique qui pose problème avec Valery Gergiev. Sa proximité avec Vladimir Poutine, son soutien à l’annexion russe de l’Ossétie du Sud (dont il est originaire) et de la Crimée et sa position sur la cause homosexuelle en Russie lui sont souvent reprochés.
Une fois la nomination d’un nouveau directeur musical entérinée, la direction du Concertgebouw devra également se mettre à la recherche d’un nouveau directeur général et d’un nouveau directeur artistique car les 2 titulaires sont partants. Le 1er pour prendre la direction d’un ballet et le second qui part à la retraite.
Philippe Gault