Il y a deux ans jour pour jour, la France se confinait face à la menace du Covid et avec elle 2 millions de jeunes de 15 à 17 ans. Ces adolescents ont dû quitter l’école, ne plus voir leurs amis et faire une croix sur les voyages. Ces deux années ont donc forcément entraîné des conséquences psychologiques sur les adolescents, à une période où créer des liens est essentiel pour se construire.
« Ils ont à chaque instant le sentiment que tout peut être bouleversé »
Durant ces deux années, à chaque fois qu’une accalmie se faisait espérer, l’épidémie reprenait de plus belle, les couvre-feux ont succédé au confinement et le masque a mis deux ans à disparaitre. Alors pourquoi acheter une place de concert s’il est reporté ? À quoi bon penser aux vacances si l’on ne peut pas voyager ? À force de déceptions durant ces deux années, certains adolescents n’arrivent plus à se projeter note le psychologue Samuel Dock : « on constate qu’il demeure une mélancolie diffuse, un sentiment d’abattement et de tristesse, notamment une difficulté à prévoir des événements. Il y aurait à chaque instant le sentiment que tout peut être bouleversé ».
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Pour le moment, les 10 semaines de confinement ont laissé des traces difficiles à quantifier. Des séquelles qui surgiront alors peut-être à l’âge adulte car cette génération Covid n’a pas pu se construire librement : « c’est l’âge où l’on découvre le monde social. Or beaucoup d’adolescents se sont retrouvés confinés en famille, ce qui a cristallisé parfois des difficultés et des conflits familiaux. C’est pourquoi beaucoup de mes patients ont l’impression d’avoir perdu des mois entiers d’existence ». L’apprentissage a été aussi faussé par le contrôle continu ou les cours à distance. Pour certains, cet enseignement en dents de scie empêche de se projeter dans le futur : « ceux qui ont passé le bac durant le Covid ont l’impression d’avoir obtenu un diplôme sans valeur et qui ne sera pas reconnu sur le marché de l’emploi. En tant qu’unique génération à avoir vécu cela, ils se sentent souvent seuls face à leurs angoisses ». Mais Samuel Dock entrevoit aussi une note d’espoir. Le dialogue aide certains adolescents à puiser dans des ressources propres à l’adolescence, comme une pulsion de vie qui se laisse de plus en plus apercevoir.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister :