Christian Prouteau était l’invité de la matinale de Dimitri Pavlenko ce mardi 11 mai. Le fondateur et commandant historique du GIGN a évoqué les tribunes des militaires dans Valeurs Actuelles qui dénoncent le délitement de la France. L’ancien officier de gendarmerie est aussi revenu sur ses années de service auprès de François Mitterrand, dont il garde l’image d’un « homme exceptionnel » malgré leurs différences politiques.
Christian Prouteau : L’analogie entre la Résistance et la dénonciation du délitement de la France « frise l’indécence »
Interrogé par Dimitri Pavlenko à propos de la tribune de militaires en service donnant raison à leurs aînés, auteurs d’une première tribune dans Valeurs Actuelles dénonçant le délitement de la France, Christian Prouteau les juge ‘« irresponsables » : « ils ne sont pas dignes de l’uniforme qu’ils portent, la séparation des pouvoirs est un grand principe dans notre pays, quand on devient militaire on prend un engagement, on sert la France et l’Etat qui par sa constitution depuis 1958 fait du Président de la République le chef des armées ». Le commandant historique du GIGN trouve « dangereux » que l’armée entre dans le débat politique alors que sa vocation est de protéger le pays en situation extérieure . Il dénonce la forme sans véritablement remettre en cause le fond des tribunes : « il y a un problème, on est d’accord, mais se comparer aux Résistants dans ces tribunes frise l’indécence ».
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Pour Christian Prouteau, il ne faut laisser aucune place à une politisation qui pourrait empiéter sur le devoir de réserve de l’armée : « l’armée ne peut servir de bras de levier à un moment ou un autre, on ne peut pas transiger avec ça ». Alors dans quelle mesure le Général Piquemal peut-il reprocher au Général Lecointre, chef d’Etat-Major des armées de ne pas parler d’égal à égal aux politiques ? Il ne peut aucunement le faire, selon Christian Prouteau : « Ce que Piquemal a dit de Lecointre n’est pas correct, le Général Lecointre est un grand soldat qui a obtenu des victoires décisives (…) en tant que chef d’Etat-Major des armées il joue un rôle auprès du Président de la République qui s’appuie sur lui pour les décisions à prendre (…) je trouve scandaleux le procès qui lui est fait ».
Christian Prouteau : « La vitesse de raisonnement et l’intelligence de François Mitterrand surprenaient tout le monde, c’était un homme exceptionnel »
Christian Prouteau a servi à l’Elysée durant les mandats de François Mitterrand au sein du Groupe de sécurité de la présidence de la République, qu’il créa en 1982, un engagement qui n’a pas été évident pour lui compte tenu de ses convictions personnelles : « l’élection de Mitterrand a été une grande déception pour moi (…) J’étais Gaulliste, mon père était résistant, militaire, gendarme (…) le 10 mai 1981, j’étais anéanti (…) d’autant que l’on disait le GIGN en danger parce que la gauche le percevait comme facho (…) lorsqu’on m’a proposé de venir travailler à l’Elysée j’ai dans un premier temps refusé, dans mon esprit aller travailler pour Mitterrand pour qui je n’avais pas voté était presque un acte politique (…) mais le directeur de cabinet du Président m’a rappelé mon rôle de militaire et mon devoir d’obéir, je me suis rendu compte que j’avais eu un comportement qui n’était pas sain ».
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Le fondateur du GIGN garde un excellent souvenir de ses rapports humains avec François Mitterrand : « mettons de côté l’aspect politique, mais s’il a été élu puis réélu ce n’est pas par hasard, c’est un homme exceptionnel (…) j’ai rencontré beaucoup d’hommes dans ma vie, rarement je me suis trouvé aussi à l’aise qu’avec François Mitterrand ».
Rémi Monti