Reconstruction de Notre-Dame : « Nous n’avons pas affaire à un exercice muséographique pour touriste »

Jean-François Colosimo, historien des religions, était l’invité ce vendredi 19 avril 2019 de Renaud Blanc, à 8h15. L’incendie de Notre-Dame soulève des questions esthétiques mais nous interroge aussi sur le rapport de la société française à son identité et à son patrimoine

Se reconstruire avec Notre-Dame. « Quelle cathédrale voulons nous retrouver ? »

« Le patrimoine, ce ne sont pas que des pierres. C’est une partie de la chair de notre psyché collective. C’est une partie de nous même  » estime Jean-François Colosimo. Il affirme que l’incendie de la cathédrale nous a « réinscrit violemment dans le temps de l’histoire qui est un temps tragique ». « On découvre que nous pouvons être effacé de la terre comme Notre-Dame a failli être effacée ». Il a rappelé qu’il s’agit d’une « architecture d’art sacré » dont le principe est d’inscrire la transcendance dans l’Histoire. Le problème posé par le reconstruction est que « nous avons affaire à un objet vivant » : « De quelle restauration s’agit-il ? Quelle cathédrale veut-on retrouver » s’interroge-t-il. « Nous n’avons pas affaire à un exercice muséographique pour touriste » a explique Jean-François Colosimo. L’historien des religions a par ailleurs déclaré ne pas être offensé à « l’idée d’ajouter un témoignage de notre génération dans la reconstruction ». Il précise néanmoins que « le calendrier de l’histoire sainte n’est pas le calendrier des politiques et des Jeux Olympiques. La question est de savoir si nous voulons nous reconstruire en même temps que Notre- Dame ».

Le mécénat est indissociable de l’histoire des cathédrales

« Le mécénat a toujours été inscrit dans l’histoire des cathédrales » a déclaré Jean-François Colosimo. Il évoque notamment la grande compétition entre les archevêques pour trouver de l’argent et pour mobiliser des métiers. Il considère à ce titre que la polémique sur les dons est « malvenue ». Il estime toutefois que « cette course au mieux-disant entre des gens qui sont très riches est dérangeante » : « L’accroissement du fossé entre les riches et les pauvres et la concentration de l’argent chez quelques-uns est « un problème politique » qui ne concerne pas Notre-Dame.

 

Arthur Barbaresi