Rambouillet : « Arrêtons l’angélisme, on ne se met pas du jour au lendemain à vouloir égorger » assure David Le Bars

David Le Bars était l’invité de la matinale de Renaud Blanc ce lundi 26 avril. Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale a évoqué la décision des magistrats de ne pas juger le meurtrier de Sarah Halimi, les relations entre justice et police et, trois jours après l’attentat islamiste du commissariat Rambouillet, il a tenu à rendre hommage à la policière assassinée.

Affaire Sarah Halimi : David Le Bars dénonce « une absence de justice »

La décision des magistrats de ne pas juger Kobili Traoré, meurtrier de Sarah Halimi, pour son irresponsabilité pénale due à sa folie a déclenché de nombreuses polémiques et un vague d’indignation. Selon David Le Bars, un procès est nécessaire pour aider la famille à faire face à la tragédie : « il faut faire du droit quand il y a de l’émotion (…) on est pas dans une affaire d’injustice mais dans une affaire d’absence de justice (…) même si le meurtrier n’est pas dans la nature et qu’il ne va pas sortir dans les semaines à venir, on a en France un système qui enferme sous contrainte des gens qui sont des malades mentaux, un enfermement de longue durée et dont la sortie n’est soumise qu’à des validations de plusieurs commissions et du préfet local ». Selon le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, il est de la responsabilité des politiques d’œuvrer en faveur d’un procès : « ce qu’il manque à la famille de la victime c’est un procès, et c’est à la classe politique de faire évoluer la loi pour permettre ce procès ».

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Interrogé par Renaud Blanc sur les relations parfois compliquées entre police et justice, David Le Bars semble regretter cette incompréhension : « le point de complication se situe entre les magistrats du siège et les policiers, c’est une incompréhension entre des partenaires d’une chaîne pénale qui ne se connaissent pas assez ». Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale appelle de ses vœux à remédier autant que possible à cette opacité entre les services d’une même chaine pénale : « il faut lutter contre cette incompréhension (…) amener la justice dans les commissariats et les policiers dans les enceintes (…) imposer des circuits pour permettre aux élèves lors de leurs formations de venir dans les services des uns et des autres ».

 

Attentat de Rambouillet : « On est dans une situation de menace permanente » selon David Le Bars

Trois jours après l’attentat de Rambouillet, David le Bars fait état d’une police « sous le choc » mais lucide face à la montée de l’islamisme en France : « la police est sous le choc mais peut-être moins que la population française, car on a compris il y a bien longtemps que l’on faisait partie des cibles privilégiées de ce terrorisme aveugle, lâche et d’une violence inouïe (…) il n’y a pas de surprise, mais cela nous ramène de nouveau face à cette menace que certains pensent fluctuante voire derrière nous alors qu’elle est permanente ». David Le Bars tient à envoyer un message de solidarité à l’attention de tous les commissariats français : « c’est important que les maisons de police soient rassemblées pour cet hommage national à 17h30 (…) et quand on voit le nombre de bouquets de fleurs déposés devant le commissariat de Rambouillet à n’en pas douter une grande partie de la population française nous montrera de l’affection ».

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Interrogé sur le lien entre immigration et terrorisme et la difficulté pour la police de prévoir ce genre d’attentats, David Le Bars confirme la quasi-impossibilité de suivre ces prises de décisions individuelles : « on est dans un spectre tellement bas que ce genre de menaces sera toujours quasiment impossible à détecter (…) c’est un terrorisme qui repose sur les épaules d’un seul individu, quelque soit son cursus de radicalisation (…) on est dans une situation de menace permanente ». Face à la légitimité du lien qui pourrait être établi entre le passage à l’acte du terroriste de Rambouillet et ses problèmes psychologiques, David Le Bars affirme que ce lien semble évident : « s’en prendre à une femme seule et l’égorger on peut considérer que l’on est pas normalement constitué », cependant, il dénonce un angélisme suivant chacun des attentats terroristes : « ce qui est insupportable pour les policiers c’est d’entendre les témoignages récurrents où les amis et la famille disent que c’était quelqu’un de gentil et de respectueux (…) tout ça paraît décalé de la réalité (…) d’autres témoignages nous rapportent une radicalisation, une transformation physique, donc arrêtons l’angélisme, ces personnes-là ne se mettent pas du jour au lendemain à égorger des policiers ».

Rémi Monti

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