Un raz-de-marée avant une sortie de crise ? Avec la flambée des contaminations due au variant Omicron, l’hypothèse que la pandémie de Covid-19 se transforme à terme en endémie se fait de plus en plus entendre. Si celle-ci devait se confirmer, le SARS-CoV-2 continuerait alors de circuler dans le monde, mais discrètement.
En Espagne, la couverture vaccinale est de 80%
Le gouvernement espagnol envisage d’ailleurs de rétrograder le Covid-19 en maladie endémique, c’est-à-dire en la traitant comme une grippe saisonnière, une fois « l’ouragan Omicron » passé. Selon certains scientifiques, il est encore trop tôt pour le faire car le taux d’incidence est toujours de 3 000 cas pour 100 000 habitants, mais l’idée fait son chemin. Le centre national d’épidémiologie commence déjà à plancher sur un projet-pilote pour mettre en place un outil de veille du Covid, une autre stratégie que le dépistage massif. L’idée serait de surveiller la maladie comme la grippe saisonnière. Un réseau sentinelle d’épidémiologistes permettrait de savoir où en est l’épidémie chaque mois, mais fini le décompte quotidien des cas explique Sylvie Briand directrice des gestions de crise à l’Organisation Mondiale de la Santé : « au lieu de tester tout le monde tout le temps, on ne teste qu’à certains endroits, à certains moments ». « On a moins d’informations », admet-elle, « mais celles qu’on a ont suffisantes pour prendre des bonnes décisions ».
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L’Espagne pourrait bientôt se le permettre, avec une couverture vaccinale de 80%, Omicron a été bien géré. Seulement 20% des lits de réanimation sont occupés par des patients Covid, et la vague semble diminuer. Mais en France, c’est bien trop tôt explique l’immunologue Eric Billy : « l’Espagne peut se le permettre car les consignes ont été très restrictives au mois de décembre, et ils ont vacciné le dernier réservoir, celui des enfants ». En résumé, les Espagnols ont écarté les principaux risques de développer une forme grave du Covid. Mais en France « nous ne sommes pas du tout dans ce schéma là, avec les enfants très peu vaccinés » explique l’immunologue. Le vrai risque avec cette stratégie, c’est qu’un nouveau variant apparaisse à bas bruit à la faveur des contaminations sans que l’on s’en aperçoive. Il pourrait aussi venir d’autres pays qui n’ont pas encore vacciné massivement.
Rémi Pfister
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