Le travail des 50 000 coursiers de Uber Eats est devenu encore plus essentiel depuis que la crise du Covid a privé les Français de restaurants. Le reporter du Parisien-Aujourd’hui en France a enfilé la volumineuse tenue d’un livreur Uber Eats sans en avertir évidemment la plateforme.
Le Parisien a envoyé un journaliste travailler comme coursier pour Uber Eats pendant plusieurs jours
Avant de gagner sa vie en pédalant, le livreur doit payer sa tenue, son vélo, sa valise. Une fois équipé, la première soirée de travail démarre pour le reporter, un jeudi vers 18h30. 1ère course : il faut livrer un repas japonais, c’est au livreur à vélo de bien vérifier que la commande est complète et c’est parti ! 20 minutes plus tard le compteur affiche 6 euros 30 c’est la rémunération du travailleur indépendant calculée en fonction de la prise en charge : 1.90 du dépôt, 0.95 par client et de la distance parcourue, 0.81 euro par kilomètre.
A lire aussi
Fil de la soirée, ce que gagne le coursier s’affiche sur l’écran de son téléphone. Addictif, comme dans un jeu vidéo. Sauf qu’ici le travailleur gagne sa croûte en pédalant. Bilan de la première soirée de travail, 23 euros gagné en 4 heures, ce n’est pas lourd. Un coursier qui ne travaille qu’en soirée confie au Parisien gagner 300 euros par mois, 1300 euros à plein temps.
Rémy Dessart, du Parisien, le service du client est toujours plus performant, mais au détriment de l’aspect humain et social
Mais 70 % des livreurs font le job en complément d’un autre. 2e jour de travail, le reporter du Parisien travaille 4h40 pour 45 euros dont 5 de pourboire, et du total il faudra retrancher 22 % d’impôts et charges. En une soirée, notre livreur débutant aura pédalé 45 kilomètres avec en prime les courbatures et les dangers de la route. Pour Rémy Dessart qui signe l’édito du Parisien, le service des plateforme comme Uber Eats ou Deliveroo est bien réel, toujours plus performant au service du client mais c’est humainement et socialement qu’il est en retard. Il serait fâcheux, conclut-il, que la modernité numérique s’accompagne d’un retour à l’âge de pierre social.
David Abiker