La philosophe Bérénice Levet était l’invitée de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique de ce mercredi 9 février. Elle vient de publier L’Écologie ou l’ivresse de la table rase aux éditions de l’Observatoire, un livre très critique sur l’écologie politique en France.
Bérénice Levet dénonce le concept d’homme nouveau promu par les écologistes
Que reproche Bérénice Levet aux écologistes ? Leur rejet du patrimoine français et même, selon elle, de la civilisation occidentale. La philosophe cite l’exemple récent des déclarations du candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, qui a revendiqué son amour pour la gastronomie française, la viande, le bon vin, son attachement au terroir. Une prise de position dénoncée par Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie Les Verts. « Cela en dit très long sur l’idéologie [de l’écologie politique]», affirme Bérénice Levet, se disant très préoccupée. Elle précise ne pas être opposée à l’écologie, et souhaite d’ailleurs corriger le tir de notre modèle de surconsommation depuis 40 ans, toutefois elle dénonce le concept « d’homme nouveau » que souhaitent promouvoir les écologistes. Elle assure même que le combat écologiste, du traitement réservé aux bêtes à l’avenir des sols est un « alibi pour intenter un énième procès à la civilisation occidentale en général, et à la civilisation française en particulier ». Elle s’appuie sur le mot d’ordre de la réinvention : « on réinvente la ville, on réinvente la politique, on réinvente tout : attachons-nous plutôt à préserver ce qui n’est pas encore détruit ! ».
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Sandrine Rousseau « n’est pas la version excessive, radicale de l’écologie, mais le vrai visage de l’écologie »
La philosophe dénonce aussi l’homme nouveau, bâti par ces écologistes : « un homme d’une pauvreté incroyable parce qu’il est aplati sur le présent, il ne faut plus qu’il soit un héritier, qu’il soit inscrit dans une histoire plus vaste que lui, c’est un homme sans épaisseur historique ». Alors que Renaud Blanc l’interroge sur le cas de Yannick Jadot, le candidat à la présidentielle, et qui semble plus ouvert que d’autres écologistes plus radicaux, Bérénice Levet met en garde contre « ses grandes envolées lyriques sur la pulsion de vie » : « je dois vous avouer que moi ça m’effraie. C’est quoi la pulsion de vie ? C’est celle qui avance, qui décime ce qui est sur son passage, qui est totalement indifférente ». Rappelant que pour elle, l’écologie est davantage un prétexte pour intenter un procès à nos civilisations, elle souligne que « Yannick Jadot signe des tribunes dans Le Monde pour dénoncer la société patriarcale en France ». S’agissant de Sandrine Rousseau, elle considère que « ce n’est pas la version excessive, radicale de l’écologie, mais le vrai visage de l’écologie ».
Béatrice Mouedine