Juliette Méadel « Le projet de Hamon est encore un projet des primaires, j’espère que nous pourrons avoir un projet plus large »

Ce matin à 8h15 sur Radio Classique

Juliette Méadel, Secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes
Invitée de Guillaume Durand

« Le projet de Hamon est encore un projet des primaires, j’espère que nous pourrons avoir un projet plus large. »

Extraits :

A propos du FN

« On a la famille Le Pen qui est aux portes du pouvoir, c’est un projet dramatique pour notre pays, dangereux, inique, vous n’avez qu’à regarder ce qu’elle propose y compris sur le plan économique. Et nous on est là, à gausser sur les accords, les alliances de l’union de la gauche. Franchement la maison brûle (…).»
« On rêve toujours d’une union de la gauche. Mais pendant qu’on rêve de ça, moi ce qui m’inquiète et ce qui me préoccupe ce matin c’est la constante progression du Front National et je trouve qu’à gauche comme à droite nous ne sommes pas assez combatifs. Nous sommes même légèrement atones. Le projet de la famille Le Pen est un projet qui m’inquiète et qui me fait peur. (…) Tous ces mots, la remobilisation de la gauche, les accords… il y a quelque chose de beaucoup plus grave : moi quand je l’entends dire tranquillement qu’elle va aujourd’hui faire une différence entre les Français qu’elle dit « des Français en situation régulière » et les étrangers qui sont les étrangers en situation régulière et à qui elle veut priver le droit d’accès à l’école, je suis très inquiète. Elle dit que les enfants des immigrés en situation régulière n’auront plus accès à l’école républicaine. Certains vont payer et les autres qui ne pourront pas payer n’auront pas accès à l’école. Cela veut dire que demain des enfants qui seront à l’école ne pourront plus jouer dans la cour de récréation avec d’autres issus d’une immigration britannique, tunisienne, marocaine etc. Comment va-t-on faire le distinguo ? Qu’une telle proposition ai pu être formulée il y a un mois et demi sans provoquer une mobilisation dans la société civile et sur la scène politique … Je ne veux pas d’une société dans laquelle on va faire un tri entre les Français et les étrangers. Je ne veux pas d’une société dans laquelle les étrangers n’auront plus accès à l’école, ça me rappelle les plus sombres heures de notre histoire et je ne veux surtout pas d’un projet comme celui-ci car c’est un projet injuste, inique, de fragmentation, de division et qui est dangereux pour notre pays. »

A propos de Benoit Hamon

« Je voterai pour Benoit Hamon. (…) Même si je n’ai pas partagé sa ligne politique jusqu’à présent, il a été élu par une majorité. (…) Mais évidemment que Manuel Valls est légitimiste. Il y a une chose qui nous caractérise nous, gauche progressiste, c’est que nous respectons les règles de la majorité et y compris dans le PS.»

A propos de l’union de la gauche

« Cette union se construit, Benoît Hamon en est chargé. Il y a aujourd’hui une gauche incarnée par trois orientations : il y a la gauche de Mélenchon, il y a la gauche de Benoît Hamon et il y a une forme de gauche progressiste chez Emmanuel Macron. Mais il y a un parti qui est structuré, uni et très dangereux c’est le Front National. Ne vous trompez pas dans les enjeux : il y réponse politique que nous sommes en train de construire, notamment en montrant que la gauche de gouvernement a su faire progresser notre pays même si tout n’a pas été parfait. (…) Aujourd’hui évidemment que ce qui doit nous préoccuper c’est d’être le plus fort possible au premier tour mais c’est d’être capables de mettre l’accent sur les dérives et les dangers du Front National.»

A propos du revenu universel proposé par Benoît Hamon

«Le projet qui est aujourd’hui le projet de Benoît Hamon est encore un projet des primaires, et j’espère que d’ici à la fin de cette campagne présidentielle nous pourrons avoir un projet plus large. Il est en train de le construire, très bien, moi je suis là pour aider. Et ce revenu universel, il ne s’agit pas de le mettre en place tout de suite mais de commencer par une expérimentation. Est-ce que pour faire de la croissance on pense que c’est le revenu universel la meilleure solution ou est-ce que, comme je le crois, pour que la croissance revienne, il faut continuer à faire des réformes, à améliorer notre système de formations, transformer encore l’Education nationale ? (…). Et il y a aussi cette question essentielle de l’Europe et de la gouvernance économique européenne.

A propos du silence de Manuel Valls et de François Hollande

« Manuel Valls a perdu les primaires. Il est donc naturel et légitime que pour le moment il ne s’exprime pas autant qu’il s’exprimait avant. Est-ce que le sujet fondamental du matin c’est « pourquoi Manuel Valls ne s’exprime pas ? ». Non ! Il respecte les règles.»
(…)
«Le président de la République s’est exprimé il y a trois jours, il était sur le terrain, il est allé dans les quartiers, il s’est déplacé, il prend des positions. Ce n’est parce qu’on n’a pas une machine à buzzomètre qui fonctionne à plein tous les matins que les hommes politiques ne s’expriment pas et ne travaillent pas. (…) Je considère aujourd’hui que le bilan n’est pas si mauvais que ça. Toujours brocarder, systématiquement, ce qu’il y a de bon dans notre pays ça contribue à la désespérance.
[C’est ce qu’a fait Benoît Hamon pendant des mois] –C’est vrai. C’est exact. Maintenant il va falloir construire. »

A propos de François Fillon

« Je pense qu’il a une responsabilité éthique et politique – y compris dans la montée du FN – parce que, quand on arrive à ce niveau-là, qu’on a été premier ministre et qu’on est mis en cause de telle façon sur toute une série de sujets et qu’on ne soit pas capable d’en tirer les conséquences et de se mettre en retrait, je trouve que c’est dangereux.(…) Il est mis en cause. A partir du moment où l’on est mis en examen, à partir du moment où il y a une enquête – même si on en est qu’au stade de l’enquête préliminaire – et bien on doit, par respect et pour la démocratie et pour une certaine vision de la France, puisqu’il se dit héritier du Général De Gaulle, se mettre en retrait et laisser la justice faire son travail. (…) Quand je regarde les propositions de François Fillon que ce soit sur la santé ou sur la fonction publique, dont il veut systématiquement diminuer le nombre, et qu’il dit « il faut que les Français se serrent la ceinture » ; tout le monde se dit « lui il ne s’est pas serré la ceinture dans l’octroi de revenus qui semblent des revenus fictifs pour son épouse. » Donc il n’a plus aucune crédibilité et je trouve ça grave, triste. Nous avons quelqu’un qui a été 1er ministre pendant cinq ans et qui n’a plus aucune crédibilité dans les propositions qu’il formule pour un débat essentiel qui est celui qui va avoir lieu dans les deux mois qui viennent.»

A propos de Macron et de la menace du FN

«Je crois qu’il est comme tous les autres candidats progressistes et républicains, engagé, sur ce débat-là, bien sûr. Ça prendra du temps. Il faut expliquer. Les Le Pen posent les bonnes questions mais n’apportent pas les bonnes réponses. Et nous nous devons apporter ces réponses-là. »