Information Radio classique : Bruno Le Maire devrait annoncer mercredi soir à l’université d’été du Medef une baisse de 8 points en cinq ans du taux de l’impôt sur les sociétés.
Invité à clôturer demain soir l’université d’été du Medef, à Jouy-en Josas, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, n’arrivera pas les mains vides. Au moment même où le Premier ministre, Edouard Philippe, s’apprête à dévoiler une réforme du Code du travail appelée de ses vœux par l’organisation patronale, c’est un plan choc d’allégement de leurs impôts qui va être présenté dans la soirée aux chefs d’entreprise. Selon nos informations, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont arbitré un calendrier, étalé sur cinq ans, de baisse du taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés. C’est la mesure la plus spectaculaire et la plus coûteuse (11 milliards d’euros en cinq ans). De 33,3% aujourd’hui, le taux de l’IS tombera dès 2018 à 28% pour les bénéfices inférieurs à 500.000 euros – une disposition d’ailleurs déjà votée sous le précédent quinquennat. Puis en 2019, il descendra à 31% sur les résultats supérieurs à 500.000 euros. L’année suivante, il n’y aura plus qu’un seul taux, de 28%, qui sera abaissé à 26,5% en 2021 pour finir à 25% en 2022. C’était un engagement de campagne d’Emanuel Macron, dont le calendrier n’avait jamais été dévoilé. En s’engageant sur la durée du quinquennat, Bruno Le Maire entend apporter de la « sécurité fiscale » aux entreprises. C’est pour la même raison qu’il entend, dès demain, tracer la feuille de route du quinquennat, d’autres mesures devant encore être dévoilées dans le projet de budget 2018. Le ministre de l’Economie devrait aussi confirmer demain deux mesures fiscales bien accueillies par les chefs d’entreprise car favorables à l’attractivité de l’économie française : l’instauration dès le 1er janvier 2018 – et non pas en 2019 comme cela avait été évoqué – d’un prélèvement forfaitaire unique de 30% précisément (une « flat tax ») sur tous les revenus du capital, hormis ceux de l’épargne salariale. Le gouvernement n’a pas encore tranché le cas particulier de la fiscalité de l’assurance vie. L’autre confirmation très attendue par les chefs d’entreprise réunis pendant deux jours à Jouy-en-Josas est la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune au 1er janvier 2018. Il sera bien remplacé par une simple contribution sur la fortune immobilière qui, devrait préciser le ministre de l’Economie, ne s’appliquera aux actifs immobiliers considérés comme outils de travail. L’exécutif s’attend à de forts remous politiques autour de cette suppression mais se dit prêt à « assumer » cette mesure destinée à enrayer la fuite des talents et des investisseurs. Ce discours de demain au Medef doit marquer un changement de philosophie économique. Convaincu qu’il y a urgence à rattraper le retard de la France en matière d’innovation, Bruno Le Maire entend rénover en profondeur le cadre fiscal dans lequel exercent les chefs d’entreprise. Et ceci sans exiger d’eux des contreparties. Bercy réfléchit même à un déplafonnement des sommes éligibles au crédit d’impôt recherche.
Jean-Francis Pécresse