Crise des hôpitaux : « Les urgentistes ne sont pas les médecins qui travaillent le plus » estime le chirurgien Guy Vallancien

Guy Vallancien, chirurgien-universitaire et membre de l’Académie nationale de médecine, était l’invité politique ce mardi 11 juin 2019 de Guillaume Durand, à 8h15. Il reconnait la gravité de la crise que traversent les hôpitaux tout en dénonçant la surenchère politicienne de certains urgentistes médiatiques.

Hôpital : Le plan « Ma santé 2022 » va dans le « bon sens ».

« L’hôpital est en crise et les urgences en sont les pieds : si on ne fait rien, la gangrène va monter vers les jambes et emporter le malade » a déclaré ce matin Guy Vallancien. Selon le chirurgien, le plan « Ma Santé 2022″ proposé par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn,  » va dans le bon sens » : « Parmi les 450 millions d’euros posés sur la table pour les hôpitaux, je pense qu’une grosse partie devrait être dévolue aux urgences ». Il a par ailleurs souligné la spécificité architecturale des services d’urgence et propose de reconsidérer les services avec des moyens d’accueil différenciés. Le spécialiste précise néanmoins que « les urgentistes ne sont pas les médecins qui travaillent le plus à l’hôpital » en comparaison avec les chirurgiens qui ne sont pas soumis aux 35 heures. Il ajoute : « Il y a une surenchère politicienne de certains urgentistes médiatiques. »
Toutefois, le membre de l’Académie nationale de médecine déplore un « problème de management global » au sein de l’Hôpital français : « L’hôpital est souvent plus administré que managé. Un directeur d’hôpital reçoit 240 arrêtés circulaires par an ».

Plus de responsabilités pour les infirmiers.

Guy Vallancien plaide pour une plus grande responsabilisation du personnel soignant :  » Les infirmiers sont des gens sérieux, formés. Il faut leur donner beaucoup plus de responsabilités ». Il poursuit : « Il faut réduire le nombre de médecins et augmenter drastiquement le nombre d’infirmiers spécialisés qui auront des responsabilités : le droit de prescrire et de faire des diagnostics ».

L’intelligence artificielle et la fantasmagorie de Mark Zuckerberg

Le chirurgien considère qu’il y a une course entre les progrès très rapides de l’intelligence artificielle et la formation des médecins car « ceux qu’on commence à former aujourd’hui sortiront en 2030 ».
Par ailleurs, Guy Vallencien a réagi face aux propos tenus par le fondateur de Facebook dont les investissements dans la recherche sont colossaux : « Mark Zuckerberg est fou de nous dire qu’il aura guéri toutes les maladies en 2100. C’est de la fantasmagorie ! » a expliqué Guy Vallancien. « Le moindre vibrion qui mute peut nous emporter tous demain. On peut repartir sur des épidémies monstrueuses » a-t-il nuancé.

Arthur Barbaresi

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