Si une entreprise ne retrouve pas la totalité de son chiffre d’affaires, il faut accepter qu’elle licencie, affirme Patrick Artus

L’économiste Patrick Artus était l’invité de Guillaume Durand ce mardi 29 septembre. Co auteur avec Olivier Pastré de « L’économie post-covid », édité chez Fayard, il dresse la liste des secteurs qui résisteront à la crise, et ceux qui seront durablement affectés.

Patrick Artus plaide pour adapter les mécanismes d’aides aux entreprises

En pleine crise du coronavirus, l’économiste Patrick Artus donne des clés pour envisager « l’après », et pointe ce qui a déjà changé dans nos habitudes de consommation : hausse des achats en ligne, du télétravail, baisse des voyages en avion… Il plaide aussi pour adapter les mécanismes d’aides en fonction des sociétés : « Si une entreprise retrouve la totalité de son chiffre d’affaires, il est illégitime d’avoir une approche totalement protectrice, c’est-à-dire de l’empêcher de faire faillite, de maintenir le salaire de ses salariés », et à l’inverse explique-t-il, « Si une entreprise ne retrouve jamais la totalité de son chiffre d’affaires, il faut accepter qu’elle licencie et former les salariés à un autre métier ».

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Interrogé ensuite sur la croissance française de ces prochaines années, Patrick Artus affirme qu’on observera d’abord une courbe « en v », citant les prévisions du ministre de l’Economie Bruno Le Maire : « -10% croissance cette année, +8% l’année prochaine ». Mais selon l’économiste, la vraie question se pose sur les années suivantes, 2022, 2023 et 2024.

 

L’ecommerce, le luxe, le service à la personne sont des secteurs qui se maintiendront après la crise

Guillaume Durand reprend alors la liste dressée par Patrick Artus et Olivier Pastré dans leur livre : « les secteurs qui s’en sortiront : biens de consommation, service à la personne, le luxe, la pharmacie/santé, l’agroalimentaire, les technologies, l’ecommerce, l’énergie renouvelable ». L’animateur de la matinale de Radio Classique a ensuite pointé ceux qui « vont trinquer » : « les biens d’équipement, le transport, automobile et aérien, l’immobilier commercial, la distribution traditionnelle ».

 

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Faisant observer que parmi ces derniers, il y a des secteurs « sophistiqués », faisant appel à des ingénieurs de qualification élevée, Patrick Artus rejette l’idée d’une dynamique schumpeterienne, autrement dit, «l’occasion d’enlever d’emplois de secteurs pas très efficace, dans des endroits où ils seront plus efficaces ». Il invoque le principe de réalité, qui rend « difficile de reclasser un steward d’Air France dans des services informatiques ». Patrick Artus déplore en France un problème de « transformation des compétences que les petits pays du nord font bien, mais que nous faisons mal ». 

Béatrice Mouedine

 

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