Gilles Pialoux était l’invité de la matinale de Fabrice Lundy ce vendredi 23 avril. Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon a évoqué les mesures annoncées la veille lors de la conférence de presse de Jean Castex, des mesures qui n’ont selon lui « aucune légitimité sanitaire ».
Covid-19 : « Le recul de l’épidémie dépendra de l’impact de la réouverture des écoles » affirme Gilles Pialoux
Au lendemain de la conférence de Presse de Jean Castex et des annonces du maintien de la rentrée scolaire le lundi 26 avril, de la levée de la contrainte des 10 km le 3 mai et de la réaffirmation d’une réouverture progressive d’autres lieux à partir de mi-mai, Gilles Pialoux dénonce une politique mise en place par l’exécutif qui ne prend pas en compte la situation sanitaire : « on avait déjà un espacement entre le politique et le scientifique, là on est carrément dans le grand écart (…) il n’y a aucune légitimité sanitaire ». Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon plaide pour la mise en place d’objectifs chiffrés garantissant que le déconfinement s’accompagne d’une réelle amélioration sanitaire : « ce que l’on voudrait en tant que soignant ce sont des objectifs sanitaires, à l’image des chiffres de la vaccination et les différents caps fixés à 10, 20 et 30 millions de vaccinés (…) là on attend juste une éclaircie dans le remplissage de la réanimation et on en profite pour adapter des mesures politiques et sociétales qui n’ont pas de support sanitaire ». Ce que Gilles Pialoux reproche au gouvernement, c’est de s’enfermer dans une logique de levée des mesures même si l’épidémie ne recule pas : « les modélisations montrent toutes un plateau, mais ce plateau sera-t-il lentement descendant ou est-ce qu’il y aura un effet pic ? Cela dépendra de l’impact de la réouverture des écoles ».
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La commande d’autotests fait partie du plan sanitaire entourant la réouverture des écoles, une mesure préventive que Gilles Pialoux salue : « il faut saisir tous les éléments positifs, nous appelions de nos vœux le déploiement de ces autotests ». Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon invite l’exécutif à suivre les exemples des pays dans lesquels la réouverture des écoles s’est déroulée sans flambée épidémique, et ainsi avoir un recours plus régulier à ces autotests, dont l’usage sera limité à une fois par semaine en France : « les écoliers danois effectuent trois autotests par semaine, deux fois en Grande-Bretagne ou en Autriche ». Ces autotests sont un échelon utile d’une politique globale qui nous permettra de lutter contre l’épidémie et espérer un déconfinement : « il faut le prendre comme un outil de prévention combiné à d’autres (…) cela fait partie d’une méthode composite, on y arrivera pas avec la vaccination seule ».
Vaccination : « Johnson & Johnson est une bonne nouvelle, et oui, il faut dédiaboliser AstraZeneca » clame Gilles Pialoux
La campagne de vaccination est de toute évidence au centre de toutes les attentions, et, à ce sujet, Jean Castex et Olivier Véran ont annoncé un élargissement de la vaccination aux obèses, une pathologie qui aurait dû être priorisée dès le début de la campagne selon Gilles Pialoux : « c’est un anachronisme, on sait depuis le début de l’épidémie que l’obésité est un facteur de risque (…) C’est 8 millions d’obèses que l’on a pas mis au même niveau que les autres ». L’arrivée d’un quatrième vaccin en France, celui de Johnson & Johnson, permettra également aux individus de plus de 55 ans de se faire vacciner, une nouvelle ouverture que Gilles Pialoux accompagne d’un message d’incitation à la vaccination : « il faut rappeler que la vaccination c’est maintenant ! Avec une telle circulation du virus il y aura encore d’autres variants (…) toutes les études montrent un rapport bénéfice risques en faveur de la vaccination, alors il faut se vacciner avec ce que le médecin propose (…) Johnson & Johnson est une bonne nouvelle, et oui, il faut dédiaboliser AstraZeneca ».
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Selon Gilles Pialoux, l’émergence des variants ne peut servir d’explication à toutes les mauvaises situations sanitaires et toutes les erreurs des gouvernements à travers le monde : « Les variants ont bon dos (…) oui ils augmentent la transmissibilité et ralentissent le mesures de freinage mais il faut rappeler que l’exécutif français n’a pris que des mesures de freinage (…) ils ont laissé se remplir les réanimations, et dès que ça descend un peu on lâche la bride (…) il y a une possibilité non négligeable d’une 3ème vague bis avant l’été ». La situation est encore plus grave en Inde : « la situation du pays nous renvoie à l’humilité, et on ne peut pas tout mettre sur le dos des variants, c’est aussi associé à l’absence de mesures entourant les fêtes religieuses et les élections ».
Rémi Monti