Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis de Paris était l’invitée de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique. Alors que l’obligation de porter un masque a été drastiquement réduite ce lundi 14 mars, elle conseille aux personnes fragiles de le conserver dans les endroits bondés.
Anne-Claude Crémieux : « si on vous recommande une 4ème dose, allez-y »
A-t-on baissé la garde trop tôt ? Si le port du masque n’est désormais plus obligatoire que dans les transports en commun, les contaminations repartent à la hausse, avec 19 000 cas supplémentaires ce lundi. Pour Anne-Claude Crémieux, il y a 3 raisons à cela : l’augmentation des interactions humaines, liées notamment la fin du télétravail imposé, la présence des variants Omicron et BA 2, très contaminants, et la baisse de la protection immunitaire conférée par les vaccins. Dans ce contexte, explique-t-elle, « nous n’avons pas empêché cette vague extrêmement importante de contaminations, mais on a diminué l’impact sanitaire d’Omicron. Aujourd’hui l’objectif n’est pas tant de protéger contre les contaminations, mais contre les hospitalisations pour des formes sévères ». Il s’agit donc selon elle d’avoir « notre bouclier, le vaccin », et de le tenir à jour : « si on vous recommande une 4ème dose, allez-y, c’est comme ça que vous éviterez d’être à l’hôpital ».
A lire aussi
Vivre avec le Covid, la stratégie des Occidentaux
Réagissant à la hausse des contaminations en Grande-Bretagne avec 400 000 cas recensés entre le 5 et le 11 mars, Anne-Claude Crémieux estime que ce rebond est lié à l’abandon des mesures barrières. Elle conseille d’ailleurs « quand on fait partie des tranches de populations à risque », de garder le masque dans les lieux bondés. Alors que la Chine a reconfiné plusieurs millions d’habitants à Shenzhen face à une hausse des contaminations, la pertinence de sa stratégie « zéro Covid » est remise en cause. L’infectiologue assure que cette politique a été très efficace pour empêcher le virus de s’installer dans ces pays, « qui comptent moins de morts que les autres ». Toutefois, elle atteint ses limites « avec un variant extrêmement difficile à contrôler ». La Chine attendait que la vaccination prenne le relais, « malheureusement, elle est moins efficace que ce qu’on pensait sur la transmission » poursuit Anne-Claude Crémieux. Pendant ce temps en Occident, la stratégie est de vivre avec le Covid. « On sait qu’on ne se débarrassera pas de ce coronavirus, l’objectif majeur est de maintenir une barrière vaccinale qui va empêcher les formes sévères, ça suppose une certaine réactivité, un rappel si un nouveau variant apparaît » a-t-elle conclu.
Béatrice Mouedine