Benjamin Davido était l’invité politique de la matinale de Guillaume Durand. L’infectiologue a évoqué la décision d’Emmanuel Macron d’ouvrir 10 000 lits supplémentaires en réanimation pour lutter contre le covid-19 ainsi qu’un mois d’avril difficile qui s’engage avant une éventuelle levée progressive des restrictions.
Vaccination : « Les effets dans les hospitalisations se feront ressentir durablement d’ici 2 à 3 mois » selon Benjamin Davido
Benjamin Davido, qui assure que « la décision de ne pas reconfiner en janvier pouvait tout à fait s’entendre », déclare cependant que les nouvelles restrictions annoncées hier étaient nécessaires : « on observait une accélération de l’épidémie (…) les chiffres n’ont pas menti, hier encore on a dépassé 50 000 contaminations quotidiennes, un chiffre qui sera le reflet dans les semaines à venir d’une hausse des hospitalisations ».
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La nouvelle promesse d’Emmanuel Macron de mise en place d’un calendrier de levée des restrictions qui débuterait dès la mi-mai semble « compliqué » à déterminer avec certitude pour Benjamin Davido. Selon lui, « il nous manque du recul pour caractériser la saisonnalité de ce virus (…) le réchauffement des températures amènera de toute façon une modification des attitudes et des modes de vie plus tournés vers l’extérieur ». L’infectiologue rappelle cependant les raisons d’y croire : « avec un éventuel caractère de saisonnalité additionné aux mesures de freinage (…) et si on a le vent dans le dos avec une accélération de la vaccination alors on y arrivera ».
Benjamin Davido : « Les ouvertures en urgence de lits de réanimation ont commencé bien avant le discours d’Emmanuel Macron »
Benjamin Davido affirme néanmoins que le personnel soignant « manque de vaccins ». L’infectiologue tient pour responsable le géant pharmaceutique français, « c’est aussi il faut le rappeler l’échec de pasteur, un groupe français sur lequel on avait parié (…) la réalité est que les gagnants sont ceux qui ont innovés ». L’infectiologue déplore donc le manque d’innovation de l’industrie française : « on a raté le coche sur cette vaccination, on a pas su innover (…) l’Europe en paye les conséquences aujourd’hui, il va falloir être plus patient que d’autres ». Cet absence de vaccin français, couplée aux décisions récentes qui ont « entaché l’opinion des gens sur AstraZeneca » n’aidera donc pas la vaccination sur le court terme. Benjamin Davido souhaiterait d’ailleurs une réhabilitation du vaccin AstraZeneca et un changement général de discours concernant les vaccins : « l’agence européenne du médicament s’est encore exprimée hier pour dire qu’elle ne comprenait pas le critère d’âge mis en place dans plusieurs pays dont l’Allemagne et la France (…) il n’y a pas de raisons d’arrêter la vaccination compte tenu des bénéfices qu’elle apporte (…) il faut aussi gommer cette façon qu’on a de parler des vaccins avec les noms des laboratoires, c’est une première, on se fait vacciner contre le covid-19 non pas par AstraZeneca ».
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Suite à l’annonce d’Emmanuel Macron de la création de 10 000 lits de réanimations supplémentaires et du renfort des étudiants et retraités, Benjamin Davido déclare que « les ouvertures en urgence de lits ont commencé bien avant le discours du Président (…) cela nous permet d’avoir une relative marge de manœuvre mais il ne faut pas que cela soit au détriment d’hospitalisations ». Cependant, l’infectiologue se préoccupe de ces renforts : « la problématique, au-delà de la création de lits, c’est de trouver les personnes qui vont aider, les étudiants ne peuvent pas gérer seuls ces lits, et les retraités n’ont pas fait les mêmes études au même moment et n’ont donc pas les mêmes réflexes (…) il ne faut pas arriver à une médecine dégradée à deux vitesses ».
Rémi Monti
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