« La course aux prix bas a fait beaucoup de perdants » Christiane Lambert

Ce matin à 8h15 sur Radio Classique
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA
Invitée de Guillaume Durand

« La course aux prix bas a fait beaucoup de perdants »

A propos des agriculteurs et du pouvoir d’achat

« Macron s’est attaché à regarder de près ce qui se passait dans la chaîne alimentaire. Le fait est, que depuis 2014-2015, beaucoup de valeur a été détruite. La course aux prix bas a fait beaucoup de perdants. »
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« Nous avons favoriser la préférence pour le pouvoir d’achat des consommateurs au détriment du pouvoir d’achat des producteurs. »
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« La dépense alimentaire des Français a baissé mais les prix aux producteurs ne permettent pas d’avoir des revenus corrects. »
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« La loi qui a été présentée le 31 janvier vise à corriger l’écart qui s’est creusé. »
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« Depuis 4 ans, 1 milliard d’euros de valeurs a été détruit. Les Français dépensent 1 milliard de moins pour se nourrir, mais de fait, cela se répercute en cascade aux agriculteurs qui pour 30% d’entre eux ont des revenus négatifs. »
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« On ne peut pas toujours prioriser le pouvoir d’achat des consommateurs avec des producteurs qui tombent en faillite annuellement. »
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« Le revenu moyen d’un agriculteur français est autour de 15 000 € par an, dont 30% sont en déficit. »
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« Le blé ne s’est jamais aussi mal vendu. Poutine a une chance inouïe depuis 3 ans et c’est lui qui fixe le prix. »

A propos des consommateurs

« Aujourd’hui, les consommateurs changent. Ils vont plutôt dans des commerces de proximité qui rémunèrent les producteurs. »
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« Nous tendons la main aux consommateurs en leur disant de faire attention aux promotions car on voit que les distributeurs ont une stratégie hyper destructrice. »

A propos de la grande distribution

« La bataille est déjà largement engagée. C’est la première fois que la grande distribution ne gagne pas de part de marché. »
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« Amazon arrive aujourd’hui avec des produits beaucoup moins chers. Cela casse leur modèle. »

A propos du blocage pour l’alimentation

« Le sujet qui est sur la table à Toulouse c’est la suppression d’une aide aux zones défavorisées. Pour les agriculteurs de ces zones-là, c’était une aide entre 5000 et 12 000 euros. Il y a eu une précipitation dans la décision de Macron, alors les agriculteurs sont dans les rues et je les soutiens. »
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« Ce mouvement doit se transformer en blocage dans toutes les régions concernées par ce déclassement de zones qui est une perte de revenus pour les agriculteurs. »
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« La colère gronde de voir des décisions prises de façon aussi vives et sans concertation suffisante. »
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« La France se transformera que si les corps intermédiaires sont écoutés. »

A propos de Stéphane Travert

« Il est normal pour le ministère de l’agriculture qu’il prenne ses quartiers au salon de l’agriculture. C’est la grande semaine agricole où la fréquentation va crescendo. Il y a un intérêt pour ces sujets-là aujourd’hui. »
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« Que le ministre de l’agriculture soit visible et au contact des agriculteurs est une bonne chose. »
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« Le secteur agricole ne se sent pas assez considéré. Quand on parle d’agriculture, il faut toujours avoir à l’esprit qu’il y a un volet économique, un volet environnemental, un volet bien-être animal, et c’est une équation qui doit être équilibrée. Aujourd’hui, elle ne l’est pas assez, dans l’esprit des décideurs. »

A propos des crues

« Beaucoup de cultures ont été sous l’eau pendant 7 à 10 jours. »
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« Il y a aussi des dégâts par rapport à tous les déchets qui arrivent dans les champs et qui y restent quand l’eau s’en va. »
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« L’agriculture rend service aux villes, s’il y a autant d’eau dans les champs c’est qu’il y a des bassins d’expansion des crues pour éviter que les villes soient inondées, l’eau est retenue en amont et c’est donc les agriculteurs qui rendent ce service-là, de manière gratuite. Nous souhaitons qu’il y ait davantage de discussions pour avoir des prestations de services. »