Jean-Luc Mélenchon peut-il se permettre de ne pas se présenter en tant que député comme il l’a annoncé le 6 mai sur le JT de France 2 ? Cette stratégie risquée pourrait laisser entendre que le chef des Insoumis ne vise plus le poste de Premier ministre.
Le camp de Macron veut montrer que Mélenchon ne croit pas à son entrée à Matignon
Le refus de Jean-Luc Mélenchon d’être lui-même candidat aux élections législatives est un motif d’étonnement. Le leader de la France insoumise a assuré qu’il ne serait « vraisemblablement » pas candidat. On se demande alors si c’est une position tenable ou au contraire, justement, « invraisemblable » ? Marine Le Pen, qui elle est candidate à Hénin-Beaumont, a déjà commencé à mitrailler : « pour gagner une législative, il faudrait déjà qu’il accepte de se présenter ». Il y a également ces vidéos que des militants macronistes font circuler.
A lire aussi
On y voit Jean-Luc Mélenchon expliquer sur BFMTV la fatigue qu’a générée pour lui son rôle de député de Marseille. Il expliquait à la télé qu’être député signifier : « monter et descendre du train sans arrêt, 3 heures pour y aller, 3 heures pour revenir, et à chaque fois avec la clim ». La propagande marcheuse a donc été redoutablement efficace. En effet, le poste de Premier ministre est l’un des plus épuisants dans nos institutions. On parle d’ailleurs de l’enfer de Matignon. Alors comment le leader insoumis pourrait-il y prétendre s’il n’encaisse pas les allers-retours en circonscription, lot hebdomadaire de chaque député ? L’objectif de ses adversaires est d’instiller l’idée que Jean-Luc Mélenchon fait en réalité semblant et qu’il ne croit pas lui-même à son entrée à Matignon.
Pas de cohabitation sans être député
Une stratégie qui peut s’avérer payante et être fatale à Mélenchon. Cela dévitalise l’idée d’une possible cohabitation. Or cette idée est le levier le plus puissant pour mobiliser l’électorat de gauche au mois de juin. C’est Mélenchon lui-même qui a choisi ces mots le 19 avril dernier. Il a appelé les Français à « l’élire » Premier ministre. Jacques Chirac en 1986, Edouard Balladur en 1993, et Lionel Jospin en 1997, tous avaient été élus députés avant d’être nommés Premier ministre de cohabitation. Ils étaient les chefs du camp gagnant, Mélenchon cocherait cette case sans problème puisqu’il a la suprématie sur l’Union populaire, mais ils avaient aussi mené la bataille législative eux-mêmes. Si Mélenchon croit vraiment pouvoir être « élu » Premier ministre, l’Insoumis peut-il vraiment faire l’économie d’être candidat ? Il est censé y répondre définitivement ce jeudi 12 mai lors d’un déplacement dans sa circonscription de Marseille. S’il confirme qu’il n’est pas candidat, cela risque de devenir le sparadrap du capitaine Mélenchon.
David Doukhan