La revue de presse avec Michel Grossiord…
Emmanuel Macron a décidé de « changé de focale » (au sens premier du terme) en cette rentrée que toute la presse juge périlleuse pour lui !
Changer de focale, comme dit Cécile Cornudet dont le billet des Echos est titré « Autofocus », signifie adopter le plan large, redéfinir le cadre pour mieux exposer son projet de transformation !
« Ne rangez pas vos appareils photo ! » lance d’emblée notre consoeur…
Finalement, Emmanuel Macron (qui nous a envoyé des tas de clichés « autorisés » cet été, de Marseille notamment) est comme tout le monde : chaque jour, 70 millions de photos sont publiées sur Instagram et 350 millions sur Facebook… Les clichés de l’été pris avec un smartphone prolifèrent, avec une tendance « lourde » : capturer chaque instant de farniente, explique Le Figaro…
C’est moi, moi, moi… sous tous les angles !
Nous sommes devenus les personnages principaux de nos photos sur les réseaux sociaux : la question n’est plus « est-ce qu’on voit bien le paysage ? » mais « est-ce que je suis bien sur la photo ? »
1 seconde : 1.000 selfies !
Un égocentrisme qui n’est pas sans risque : le selfie (lit-on encore dans Le Figaro) tue plus de personnes que les requins (un couple est ainsi tombé d’une falaise au Portugal en se photographiant trop près du bord)
Face à une « sorte de mise en abîme », selon l’expression utilisée par Ouest-France, Emmanuel Macron est menacé par les crocs de ses opposants politiques qui savourent déjà sa chute dans les sondages et l’attendent sur ses réformes… Toute la presse évoque donc une rentrée difficile, compliquée, voire (Le Journal de la Haute Marne) « un Cap Horn politico-social »…
Une « rentrée difficile », est-ce un marronnier journalistique ?
Ne l’annonce pas en effet à chaque rentrée pour chaque pouvoir en place, avec son corollaire, la rentrée sociale chaude ?
Il y a du réflexe pavlovien dans cette affirmation qui veut que la rentrée sera difficile ou sous tension, estime en substance Dominique Seux des Echos pour qui il n’y a souvent plus grand monde, à l’arrivée de l’hiver, pour rappeler les sombres prévisions de la sortie de l’été !
Certes, concède-t-il, ça tangue… Mais le rendez-vous de la réforme du droit du travail ne sera pas à priori le plus difficile…
La réforme du droit du travail, ajoute Jean-Michel Bezat du Monde, est LA mère de toutes les batailles : si elle est adoptée sans conflit, le début du quinquennat sera marqué d’une pierre blanche.
Jean-Luc Mélenchon a lancé le combat à Marseille, lors des universités d’été de La France insoumise… « Du combat, pas de bla- bla… » Appel à « déferler » sur Paris le 23 septembre…
Libération, qui ne ménage pas Emmanuel Macron, s’interrogeant sur « un président des riches », est plus sévère encore ce matin au sujet de, je cite, l’inquiétant déni, l’aveuglement volontaire de Jean-Luc Mélenchon sur la dictature qui s’est installée au Vénézuela…
Emmanuel Macron veut donc « changer de focale » : pas sur ses réformes, mais sur leur pédagogie…
Sur les réformes, le cap est maintenu. Citation de l’entourage d’Emmanuel Macron sur l’ampleur des changements structurels à venir (dans Le Figaro) : « Il s’agit de changer la baignoire et pas seulement l’eau du bain »…
Sur la pédagogie : une prise de parole est annoncée mi-septembre… Une interview au Point cette semaine.
Emmanuel Macron va descendre de l’Olympe, d’ailleurs le très proche sénateur François Patriat l’annonce tout bonnement dans L’Opinion : « Jupiter, ça n’a pas marché, donc il change de méthode »… François Patriat ne voit pas là contradiction ni instabilité mais une formidable capacité d’adaptation !…
Volonté aussi désormais d’être moins seul en première ligne…
« Exit Jupiter. Le président change sa stratégie de communication », raconte Nathalie Segaunes qui ouvre son papier du jour de manière assez amusante : une vieille blague américaine qui se racontait sous Ronald Reagan… Le président américain, tout juste élu, doit prononcer son premier discours sur le Proche-Orient…
-Ne vous inquiétez pas, je vais vous faire un discours aux petits oignons, le rassure sa plume…
Arrive le jour J.
Le président confiant commence à lire, annonce « J’ai trouvé la solution pour ramener enfin la paix »…
Il tourne la page, et découvre cette unique phrase : « Now, son of the bitch, you are on your own… »
(Maintenant, fils de… tu es tout seul »…)
Histoire drôle rappelée pour signifier qu’Emmanuel Macron est seul face aux Français qui attendent avec impatience que tout change…
Dans l’actualité, L’Equipe entre joie et interrogation ce matin…
Joie de voir l’ex attaquant monégasque Mbappé recruté par le PSG, pour un trio de choc avec Neymar et Cavani…
Mais vertige (c’est la manchette : Vertigineux) face à ce nouveau transfert (180 millions d’euros qui s’ajoutent aux 222 déboursés pour Neymar)… Et face au salaire de 18 millions annuels sur 5 saisons pour la pépite française de 18 ans.
Vincent Duluc se dit mal à l’aise dans l’édito de L’Equipe… Une amertume… Un arrière goût… Le sentiment d’un cynisme économique : Monaco vend son joueur à son adversaire direct, le PSG, « tout le monde a un prix »…
Mais Vincent Duluc, et ce sera le cas des supporters, cède au final au frisson de « la machine à rêves »…
Grand supporter du PSG, Nicolas Sarkozy aime le foot… On lit dans Le Figaro qu’il va se rendre cette semaine à Reims pour rendre hommage au célèbre Raymond Kopa décédé en mars dernier.
L’article signale aussi l’interview de Nicolas Sarkozy au magazine des étudiants de Sciences Po. L’ancien président livre cet aphorisme, que je laisse méditer à tous ceux qui rentrent aujourd’hui, et aux autres, et à Emmanuel Macron et aux joueurs et dirigeants du PSG : « L’échec n’est jamais décevant, le succès l’est souvent »…
Parole de Nicolas Sarkozy (qui commente là son échec à la primaire de droite)
Michel Grossiord