La Revue de presse… La buvette, n’oubliez pas la buvette… C’est notre conseil aux nouveaux députés !
Néodéputés, débutants, bizuts, vierges de toute expérience parlementaires (sauf les anciens assistants d’élus)… Ainsi sont nommés (dans Le Figaro, Le Parisien, Le Monde…) les 424 nouveaux députés qui font officiellement leur rentrée aujourd’hui au Palais Bourbon.
Les journaux y vont de leurs conseils…
Dans l’hémicycle, les sièges près des micros offrent plus de chance de passer à la télé… Les rangs d’en bas permettent d’être au plus près des ministres… que tout le monde peut approcher à la buvette, c’est l’un des « lieux de pouvoir de l’Assemblée » présenté par Les Echos… « On peut gagner une semaine en deux minutes ».
Le taux de renouvellement de l’Assemblée, 72%, rend peut être difficile de trouver un ancien pour être guidé… mais du côté d’En marche !, tout est prévu, il y a un « back office », dit-on fièrement au siège du mouvement !
Dispositif clé en main, réponse immédiate à toute question d’ordre technique ou politique, envoi chaque jour d’éléments de langage…
Malgré ce contrôle freak qui concerne aussi le gouvernement, un couac est survenu hier !
Et le mot bizut, bizuté est utilisé cette fois (dans L’Union de Reims) au sujet du ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert « qui a utilisé hier la carte maîtresse de ceux qui veulent sortir de l’ombre : le couac », s’amusent Les Echos…
En l’espace d’une heure à peine, Nicolas Hulot est sorti vainqueur, souligne La Provence.
Nicolas Hulot en photo à la Une du Figaro. Le couac a été réglé promptement, le ministre de la Transition écologique a obtenu très vite la confirmation de l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles… et s’impose face à ses collègues ministres, note L’Opinion qui tire la leçon de l’épisode : Nicolas Hulot ne sera pas un homme de compromis.
Or, rappellent Les Dernières nouvelles d’Alsace, les dossiers sensibles ne manquent pas : le nouvel aéroport de Nantes, les déchets radioactifs à Bure, le diesel, le nucléaire avec le cas Fessenheim… Et aussi la question de l’EPR de Flamanville : un rapport, cité par Le Monde, met en garde EDF sur la fiabilité du couvercle de la cuve.
Y a-t-il un autre couac dans l’air ? C’est l’avis de plusieurs journaux…
Le Figaro et La Voix du Nord pointent le double discours face à l’afflux de réfugiés à Calais qui a déjà donné l’impression d’une dissonance au sein de l’exécutif : Emmanuel Macron a appelé à faire preuve de la plus grande humanité quand Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur demandait aux humanitaires d’aller déployer leur savoir-faire ailleurs.
Autre gros couac, mais imputable à une situation qui empire depuis des années : les admissions en fac des bacheliers…
APB jette un mauvais sort sur des bacheliers, explique Libération. Dans les filières les plus demandées, la sélection par tirage au sort crée in sentiment d’injustice…
La solution est promise pour 2.018… Tout le monde est contre le tirage au sort des bacheliers qui se retrouvent par le jeu du hasard contraints de suivre une filière qui n’ont pas voulue…
Les témoignages abondent dans Libé, des étudiants dégoûtés car motivés, avec de bons résultats, mais obligés d’aller voir ailleurs : « Pourquoi faire un tirage au sort quand tu vois qu’on est 900 au départ et qu’il n’y en a que 200 ou 300 qui arrivent en deuxième année ? », peste Justine, étudiante en sciences et techniques sportives à Marseille…
Tout le monde est donc contre le tirage au sort, Libé aussi… Mais on lit tout de même deux tribunes : l’une contre, d’un professeur de droit public, l’autre… pour, d’une étudiante en philosophie !
Blandine Parchemal écrit que la chance est le meilleur moyen d’échapper à son sort, démocratise l’accès à l’université… Le hasard est profondément égalitariste, et (je cite toujours) « s’oppose à la sélection méritocratique »
Un point de vue qui en fera bondir plus d’un… par exemple les étudiants issus de milieux modestes (sous représentés c’est vrai à l’université) mais qui bossent dur pour réussir leurs études…
D’autres pages philosophiques d’une autre tenue dans Libération ? Celle d’un coureur du tour de France…
Il s’appelle Guillaume Martin, il a le Nietzsche dans le guidon.
Le jeune coureur de 24 ans est diplômé en philo de l’université de Nanterre avec un mémoire de master 2 (183 pages) intitulé « Le sport moderne : une mise en application de la philosophie nietzschéenne ? »
Son prof est pas peu fier de lui : On a parfois employé le terme cycliste intellectuel de façon un peu abusive. Laurent Fignon en était affublé parce qu’il portait des lunettes…
Guillaume Martin est doté de qualité spéculatives : il montre comment les concepts du philosophe allemand trouvent une résonnance dans le sport : le surhumain, la transmutation, la volonté de puissance, l’éternel retour…
Cet été, on le verra à l’épreuve sur son vélo monter et descendre la montagne comme Zarathoustra, en tant que membre d’une équipe belge…
Puisque nous élevons le débat, quelques pages enfin signées Jean d’Ormesson…
Il est l’invité de La Revue des deux Mondes consacrée aux coulisses galantes du pouvoir…
Tous nos présidents ont été des séducteurs, commente Jean d’Ormesson qui raconte : Je me souviens très bien de la réponse de mon ami Edgar Faure qui aimait profondément les femmes, à qui je demandai un jour : « Mais comment faites-vous ? Comment trouvez-vous le temps ? » Il avait eu cette formule très drôle : « Le pouvoir est un accélérateur du temps et de l’amour ! »
Cela se vérifie avec tous les hommes de pouvoir, les femmes savent qu’il n’y a pas de temps à perdre…
Pour sa part, Jean d’Ormesson confie qu’il reçoit toujours des lettres d’amour stupéfiantes. « Mais je n’ai jamais été l’ombre d’un séducteur. Ce qui m’a plu, ce n’est pas de plaire aux femmes mais c’est que les femmes m’ont plu ! »
Michel Grossiord