La revue de presse… On a tous été sonnés hier soir d’apprendre l’attentat sur les Champs Elysées à l’heure où les candidats exposaient leurs programmes sur France 2… La presse s’en fait l’écho…
Toute la presse (comme nous) sous le choc bien sûr… Mais beaucoup d’incompréhension sur le temps qu’il a fallu à France 2 pour annoncer l’attaque meurtrière… Finalement, l’information a été donnée à 21 h 51, précise Le Figaro, entre les interventions de Nicolas Dupont-Aignan et de Philippe Poutou qui a aussitôt perdu une belle occasion de cesser… de sourire et de plaider le désarmement des policiers… I
Philippe Poutou est allé jusqu’à lancer, alors qu’il venait d’être dit devant lui qu’un policier avait été tué : « les policiers font chier les jeunes dans les banlieues »…
Tollé sur Twitter… Le candidat d’extrême-gauche n’a même pas eu un mot pour le policier tué, souligne Le Figaro dont la manchette rapporte que « le terrorisme frappe à nouveau en plein Paris ».
Vous avez retenu un éditorial qui résume le dégoût et la colère…
L’édito de Jean-Marie Montali du Parisien, titré justement « le dégoût et la colère ».
« Hier, sur les Champs Elysées, un policier a été abattu pour la seule et unique raison qu’il était policier. Deux autres ont été grièvement blessés pour la même raison. Les policiers sont des cibles. Comme les militaires. Comme les curés. Comme les juifs. Comme les dessinateurs, les journalistes, les démocrates, les amateurs de musique, les enfants sur la promenade des Anglais, les femmes aux terrasses et les jeunes aux concerts.
En réalité la menace est permanente, universelle. Ce terrorisme islamiste n’est pas moins répugnant que le nazisme hier. Ces gens ne sont rien d’autre que des tueurs ».
Fin de citation.
Partout, à la Une des journaux, on voit les Champs-Elysées dans la nuit avec les gyrophares des voitures de police et de pompiers…
La fusillade mortelle a eu lieu 3 jours avant le 1er tour de la présidentielle… Même si l’assaillant, comme les terroristes qui l’on précédé ces dernières années, est sans doute du genre à avoir un petit pois dans la tête, écrit Sud-Ouest, il a mesuré la portée symbolique de son geste frappant la fin de la campagne présidentielle.
« Distiller la peur pour voir s’installer la haine », résume Le Journal de la Haute-Marne.
Quelle trace laissera cette nouvelle attaque dans l’isoloir, s’interroge La Dépêche du midi qui rappelle que la lutte contre le terrorisme exige de la fermeté et de la vigilance plus que des imprécations.
« Dans le sprint final, le régalien écrase tout » Dans sa chronique du Monde, Françoise Fressoz estime que la prime ne va plus à l’aventure mais à la force, à la protection… Elle ajoute que la fusillade d’hier soir fait resurgir tout ce qui avait été refoulé ces dernières semaines : la menace islamiste, le danger terroriste, le dévouement et l’épuisement des forces de sécurité, la mobilisation des services de l’Etat mais aussi les failles du dispositif…
Cette idée d’un « refoulé » inspire d’autres réflexions ce matin…
Les élites françaises ont-elles refoulé, été « bloquées » en quelque sorte par leur difficultés à appréhender la situation ?
C’est l’analyse que livre l’avocat spécialiste du terrorisme Thibault de Montbrial.
Dans une interview au Figaro, il affirme d’abord que les personnes capables de passer à l’acte sur notre sol au nom du terrorisme islamiste sont en augmentation exponentielle. C’est une problématique d’avenir et non un problème passé.
Ensuite, l’avocat mêle attentats, tensions communautaristes et violences sociales d’extrême-gauche pour mettre en garde contre une menace pour notre cohérence nationale. «
Thibault de Montbrial appelle à ouvrir les yeux sur cette menace qui mine la France. Nul ne sait où elle pourrait la mener, y compris à très court terme. »
Le cours de la campagne est donc directement impacté…
Comme frappé au fer rouge, selon une expression du Monde…
Mais tous les journaux n’ont pas entièrement bouleversé leur édition du jour…
Ainsi, les prises de position s’expriment avec force… L’Humanité voit la qualification de Jean-Luc Mélenchon « à portée de main » (c’est la manchette du journal communiste)
Les Echos titrent en gros : La France face au danger des extrêmes… Nouvel édito très offensif de Nicolas Barré : les extrêmes sont les deux visages d’une même tromperie : « Allez, les gens ! Allez, les patriotes ! En cette fin de campagne, les extrêmes se rejoignent comme s’ils se démasquaient eux-mêmes. Elle, qui a décidément tos les traits de son père, lui qui n’en finit pas d’admirer les dictateurs sud-américains… «
Le Figaro attaque aussi le candidat de la France insoumise et Marine Le Pen…
Gaëtan de Capèle écrit : « Sur les marchés financiers, l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon porte un nom : c’est un ‘cygne noir’. Ce terme désigne un événement hautement improbable, qui survient malgré tout et cause d’incalculables dégâts. »
Le cygne noir, ou la puissance de l’imprévisible, c’est la thèse du philosophe du hasard Nassim Taleb qui en a fait un best-seller mondial…
Le noir domine la fin de campagne, mais on s’accrochera aux couleurs bleu blanc rouge figurant sur la carte électorale reproduite à la Une de La Croix…
Michel Grossiord