La revue de presse… « Soigne ta com’… » Les journaux s’agacent de la culture du secret qui semble s’installer à l’Elysée…
Le secret, la « confidentialité » a été imposée aux ministres. Avec la solidarité, la collégialité, la hiérarchie, la verticalité… Ces règles du jeu fixée par le président sont exposées à la Une du Figaro. Feuille de route exigeante.
Mais les nouvelles règles du jeu concernent aussi la presse… Tour de vis : l’Elysée verrouille sa com’, rapporte Le Parisien alors que toutes les rédactions adressent une lettre au Chef de l’Etat : Monsieur le Président, il n’appartient pas à l’Elysée de choisir les journalistes (pour les déplacements).
La communication d’Emmanuel Macron est-elle « cadenassée » ?
A chacun d’en juger. L’idée semble être : une parole rare, pas de off, ne pas céder à la pression des chaînes d’info, éviter la politicaillerie dont raffole la presse, imposer son tempo, raconte Le magazine du Monde… Une petite équipe est à l’œuvre, venue des réseaux de DSK.
Tiens, voilà les « mormons », disent parfois les journalistes politiques pour évoquer l’entourage du nouveau président. Une équipe clanique, impénétrable. Control freak. Verrouillage. Et même mépris pour les journalistes.
Le porte-parole du gouvernement a été pris à partie hier par les reporters lors du premier point presse d’après conseil des ministres. Il nie toute volonté de verrouiller la communication, mais ce qui est savoureux c’est la faille ! Il y en a toujours une, même dans les meilleurs plan com’… Le lapsus ! Et Christophe Castaner en a commis deux, comme le rapporte Libération.
« Les ministres sont les despotes de l’alternance profonde »… Euh pas les despotes, les dépositaires…
« Le gouvernement est composé de nombreux parlementaires expérimentaux »… Euh, expérimentés…
Ce souci de contrôle a deux buts bien précis…
D’abord, comme le souligne Le Monde, éviter la moindre gaffe ou la moindre polémique qui pourraient être fatales dans les urnes des législatives.
Ensuite, il s’agit de rompre avec le quinquennat bavard de François Hollande, l’anti-modèle… et renouer avec la monarchie républicaine dont la théâtralité suppose un art de l’éclipse.
L’hebdomadaire Marianne analyse cette verticalité jupitérienne et son risque de crispation césariste…
Est-ce un angle d’attaque qui surgit ? L’Humanité évoque un nouvel absolutisme, et Jean-Christophe Cammbadélis, le patron du PS, cité par Le Monde, dénonce, je cite, la volonté de « bâillonner l’Assemblée nationale pour faire passer les lois de la droite au canon ».
A 2 semaines des législatives, la dynamique se confirme en faveur d’Emmanuel Macron. Le sondage OpinionWay pour Les Echos et Radio classique crédite son mouvement d’une majorité absolue à l’Assemblée. Mais il n’y a pas d’état de grâce pour l’exécutif avec 45% d’opinions positives.
La solidarité et la discrétion imposée aux ministres a une explication politique…
Premier plat servi à la table du conseil des ministres : une assiette de couleuvres, selon Libération qui titre en gros « Clash en stock à l’Elysée ».
Il est facile d’opposer certains membres du gouvernement, qui exprimaient jusque-là des opinions contraires… Sur Notre Dame des Landes. Sur l’accord de libre-échange avec le Canada. Sur la transparence de la vie politique. Sur la CSG. D’où l’impératif de bien contrôler les prises de parole…
Deux articles à relever sur l’insécurité en France…
Harcelées, les femmes contre-attaquent. Dans le secteur Chapelle-Pujol dans les Xème et XVIIIème arrondissements de Paris, les habitantes vivent quotidiennement des situations oppressantes. Elles lancent une pétition : les femmes, « une espèce en voie de disparition au cœur de Paris », où les hommes (vendeurs à la sauvette, dealers, migrants et passeurs) tiennent les rues.
Elles sont agressées verbalement et parfois physiquement, ne peuvent plus sortir en jupe sans se faire insulter. (Le Parisien)
Et puis un SOS d’un médecin agressé au quotidien à Dunkerque. Dans un quartier sensible de la ville, ce généraliste harcelé à son cabinet consulte « la boule au ventre ».
Il connait ses agresseurs, âgés de 13, 14 et 15 ans (interpellés, ils ont aussitôt été relâchés en attendant la convocation de la justice).
Le syndicat médical la CSMF rapporte de plus en plus de situations similaires, et demande par exemple que la police accompagne ponctuellement certaines visites de médecins ! (Le Figaro)
Enfin un visage de Cannes…
Vincent Lindon qui apparaitra à Cannes dans le nouveau film de Jacques Doillon, en sélection officielle ; il incarne le plus grand sculpteur français.
« Je suis Rodin », affirme l’acteur qui s’est investi à fond dans le rôle pour ne faire qu’un avec son personnage !
Faire corps avec son rôle, à la manière de De Niro…
Devenir festivalier pendant 15 jours, ça aussi c’est une épreuve. Dans Les Echos week-end, qui publie un numéro complet sur l’industrie du cinéma, quelques chiffres clé de Cannes.
Durant cette période hors normes seront englouties 36.000 bouteilles de Champagne et 5 tonnes de Homards.
Etre festivalier, vous dis-je, pas un rôle de composition, il faut s’engager à fond.
Clin d’œil aux 4.500 journalistes présents à Cannes (les 5 tonnes de homards ne sont pas que pour eux mais ils ont moins de raisons de se plaindre que leurs confrères des rédactions politiques).
Michel Grossiord