La revue de presse… L’heure des people et des cerveaux dans la campagne !
Les people… Ils avaient leur carré hier à Bercy pour le meeting d’Emmanuel Macron, une France très « micheldrukerienne », selon le mot et la vision de Libération : de Line Renaud à Erik Orsenna, de Jacques Attali à Bernard Montiel, le présentateur de Vidéo Gag dans les années 90…
Les people ont-ils encore une influence sur les électeurs ?
Pas sûr.
En revanche, on devrait considérer comme des hommes et des femmes d’influence les Prix Nobel… 25 Nobel d’économie dénoncent les programmes anti-européens dans un appel publié cet après-midi dans Le Monde… Parmi eux, le Français Jean Tirole, et l’américain Joseph Stiglitz, dont Marine Le Pen s’était prévalue du soutien pour justifier l’abandon de l’euro par la France…
Que disent ces Nobel d’économie ?
Que « la construction européenne est capitale non seulement pour maintenir la paix en Europe, mais également pour le progrès économique des Etats membres et leur pouvoir politique dans le monde »…
Que « les évolutions proposées par les programmes anti-européens déstabiliseraient la France »…
Enfin que « les politiques isolationnistes et protectionnistes, les dévaluations compétitives, sont de dangereux moyens d’essayer de générer de la croissance »…
Conclusion des Nobel d’économie : « Les problèmes sont trop sérieux pour être confiés à des politiciens clivants ».
Marine Le Pen mais aussi Jean-Luc Mélenchon se sentiront directement concernés…
La première s’exprime sur une page dans Le Figaro, et répète que « retrouver une monnaie nationale va créer des millions d’emplois et nous redonner notre liberté »…
Mais Le Figaro publie aussi une autre page titrée « L’euro est-il une réussite ? » qui met clairement en garde contre le retour aux monnaies nationales : « Ce serait prendre le risque de retomber dans la jungle monétaire et économique ».
« L’euro n’a jamais été autant mis en question et décrié, au point qu’on en oublie ses principaux apports, taux d’intérêt bas, inflation faible », constate Manon Malhère.
Le Parisien, qui se mobilise contre un vote extrême avec sa manchette « Lundi prochain, il sera trop tard », glisse que Marine Le Pen n’a pas dit un mot hier au Zénith de Paris sur les sujets qui fâchent ou qui clivent : le projet de sortie de l’euro n’a pas été évoqué…
Le Monde résume : la présidente du Front national mise tout en vue du 1er tour sur le discours anti-immigration, « il n’est plus temps de finasser ». « Offensive au clairon ».
L’autre candidat qui fait l’objet d’un tir de barrage est Jean-Luc Mélenchon…
Le vote Mélenchon donne un « coup de jeunes » à la campagne, s’enthousiasme L’Humanité… Pour le journal communiste, la jeunesse plébiscite le programme du candidat de la France insoumise…
L’Huma trouvera de quoi poursuivre son bras de fer idéologique avec Les Echos ce matin. Le journal économique publie un édito tranchant de son directeur de la rédaction, Nicolas Barré, intitulé « Le vrai visage des tribuns ».
« Quand on les démasque, il est souvent trop tard : ils ont conduit leur peuple dans l’impasse ».
Nicolas Barré part du référendum de dimanche en Turquie pro-Erdogan : « Tandis qu’à Ankara un sinistre sultan à la fausse allure de grand-père inoffensif conforte son pouvoir absolu et conduit droit le grand peuple turc à la dictature, nous ferions bien de nous inquiéter.
De tels tribuns, nous en avons de la même fabrique chez nous. Qu’ils aient les traits blonds de l’une ou la voix rocailleuse de l’autre, cela ne saurait masquer leur nature profonde. »
Fin de citation du directeur de la rédaction des Echos, où on lit aussi –sous la plume de Stéphane Dupont- l’analyse suivante : « Mélenchon, agent électoral de Fillon ».
« Provoquant la frayeur de larges pans de l’opinion, la perspective d’une finale Le Pen- Mélenchon incite les électeurs de droite à regagner leur famille politique habituelle. Une aubaine pour François Fillon ».
Cette perspective d’une finale Le Pen-Mélenchon ne pourrait-elle pas pareillement profiter à Emmanuel Macron ?
En tout cas, Le Figaro fait tout pour décourager les électeurs de droite à se laisser tenter par le candidat d’En marche !
Autre édito tranchant du jour : Paul-Henri du Limbert dénonce la forte attirance d’Emmanuel Macron pour le flou… Il s’attaque, je cite, à sa solution fallacieuse du « mais en même temps ».
« Immobilisme assuré », selon Le Figaro… qui titre à la Une ce matin, à l’instar de nombre de ses confrères (Libération notamment) sur l’incertitude totale à 5 jours du 1er tour.. ;
Autre titre du Figaro : Le football en proie à une inquiétante flambée de violence, sur une image de l’agression des joueurs lyonnais par des supporters bastiais dimanche…
Inadmissible dérapage.
Alors que les joueurs de l’OL sont traumatisés, Lyon devient « le sport de l’angoisse », titre Le Parisien…
Sourire forcé. Mais on hésite entre le franc fou rire et l’accablement quand on lit dans L’Equipe cette explication d’un supporter de Bastia présent dans la tribune des Ultras : « Un enfant de 8 ans a reçu un ballon pendant l’échauffement, les Lyonnais ne se sont pas excusés. On a craqué ».
C’est l’accablement qui l’emporte, tant le puéril se conjugue au pathétique…
Michel Grossiord